lundi 19 janvier 2009

Seul le Silence, de R.J. Ellory


(A Quiet Belief in Angels, 2007)
Sonatine éditions, 2008, 498 p.

Ceux qui me connaissent savent qu’il est rare que je lise un livre que les librairies tiennent à plus de cinquante copies. Et non, ce n’est pas un principe, ni du snobisme.

Seul le silence m’a été vanté comme étant quelque chose d’autre. Autre chose qu’un roman policier ou un banal roman de tueur en série, bien que la prémisse de départ soit un homme qui dédie sa vie à traquer un tueur. Ce roman nous amène beaucoup plus loin dans la noirceur d’une âme, bien que l’on y trouve de nombreux moments d’une beauté et d’une sensibilité rares.

L’histoire prend place en Georgie, dans le village d’Augusta Falls, au début de la seconde guerre mondiale. Si le conflit semble trop éloigné pour toucher les habitants du village, il en est un autre cependant qui les concerne directement. Des petites filles entre neuf et douze ans sont retrouvées découpées en morceaux au rythme d’une par année. Le jeune Joseph Vaughn, enfant unique et orphelin de père, ne peut faire autrement que de se sentir reponsable de la mort de ses camarades de classe. Cet étrange sentiment qu’il y est pour quelque chose.

Peu à peu, les meurtres s’étalent sur un territoire plus large et bientôt, les shérifs de cinq comtés se retrouvent impliqués dans une enquête qui ne mène nulle part.

Entre temps, nous voyons Joseph grandir et devenir un homme, plus curieux et plus intelligent que la moyenne des habitants de son village natal. Grâce aux encouragements de son institutrice Alexandra Weber, un personnage magnifique, Joseph Vaughn se met à l’écriture et le lecteur assiste à la naissance et l’évolution d’un écrivain de grande envergure, qualité qui semble imputable au destin de Vaughn qui fait de sa vie une tragédie qui ne s’essoufle qu’à la toute fin. Une fin qui – et c’est là le seul défaut du roman – n’amène malheureusement que très peu de réponses.

Roman dense et prenant porté par une écriture poétique sans faille, Seul le silence fait le constat d’une tragédie et de son effet sur une petite population éloignée et centrée sur elle-même. Le style, bien que souvent contemplatif, ne laisse aucun répit et rend pratiquement impossible le fait de le lire sans y mettre une implication totale. Un grand, grand roman qui est loin de ne viser que le public d’amateurs de polars.