vendredi 15 mai 2009

Tasser le loup

je t’embrasse
belle bitch gothique à talons hauts
tu cours la panique dans les bois de Victo
et t’essaies comme tu peux
de faire marcher les lasers
de tes yeux

y’a un loup qui te court après
un genre de loup underground gore trash
faudrait pas qu’y te pogne pis qu’y t’attache
qu’y décide qu’y s’amuse pis
qu’y se mette à te manger, hein?

remarque
y faudrait quasiment me ranger
de son bord pour celle-là
on peut pas le blâmer le loup
parce que t’es
la muse du lunch
t’es une célébration
de la dégustation

je te frenche à portes battantes
belle beauceronne fatale
je te regarde te regarde pis tu me tentes
tu es le cadeau que
le plus souvent je déballe
je te frenche quand t’arrives à moi
en enlevant tes pouvoirs
même si des fois
tu me ramasses dans le coin
et me torches solide
dans le noir


le loup te lâche pas belle fille des bois
tu cours tu cours et t’enfarges
la sacoche encore au bras
tu te relèves t’es sale et tu rages
parce que tes lasers marchent toujours pas
maudits lasers
fallait t’en douter
qu’ils fonctionnent à tout coup
mais tsé ben
sur les humains
pas les loups

je veux te ramasser pis
te faire la passe encore
pis encore
pis encore pire
j’en ai pas eu assez
come on, ma chérie
un petit effort
cours
saute
crie ben fort
tasse-le le loup
tu sais qu’avec toi
je suis capable de tout
je suis capable de tout
je suis capable de tout
je suis capable de tourner en rond
jusqu’à ce qu’y tombe
le loup

lundi 4 mai 2009

Une odyssée américaine, de Jim Harrison


(The English Major, 2008)
Flammarion, 2009, 313 p

Avant que je n’entâme ma lecure, une page lue au hasard m’a mis en émoi. Rien de moins. Je me disais que ça allait être gros, ce nouveau Harrison. Un livre qui règlerait tous mes problèmes, si vous voyez ce que je veux dire. Alors, qu’est-ce que vous pensez, j’ai ouvert le livre à la première page et j’ai dit, Vas-y mon Jim, montre-moi le sens de la vie. Parce que Jim, il connaît la vie.

Cliff est un homme au début de la soixantaine. Il habite le Michigan et a été professeur de littérature pendant dix ans avant de tout laisser tomber pour devenir agriculteur, une vie que sa femme Vivian était loin de voir comme un idéal, à un point tel qu’un jour de retrouvailles d’école, elle s’éclipse avec un certain Fred et revient avec sur les genoux des taches de gazon qui en disent long.

Cliff prend assez mal la séparation, et bien que Vivian ⎯ maintenant agent d’immeuble et affublée d’un imposant postérieur motivé par les beignets glacés, le pepsi et les Schnapp’s au caramel ⎯ était devenue davantage une source de discorde que de bonheur, il prend la décision de remettre sa vie en question. Il embarque dans sa vieille voiture et, encouragé par un vieux casse-tête de sa jeunesse représentant le pays divisé en états aux couleurs variées, il entreprend de traverser le pays à la recherche de… de… il entreprend de traverser le pays et se trouve comme projet de renommer les états ainsi que les oiseaux, dans le but de leur donner des noms qui, premièrement, seraient beaux, et ensuite qui leur rendraient justice.

Les chapitres portent chacun le nom d’un état, et on suppose tout de suite que le livre sera divisé en 50 chapitres qui nous feront parcourir le pays. Cependant, Cliff est loin d’avoir la liberté espérée, dès le moment qu’il embarque avec lui Marybelle, une ancienne étudiante (une jeunesse de quarante ans) qui, bien qu’elle lui offre le meilleur sexe de sa vie, a vite fait de lui mettre les bâtons dans les roues, à commencer par son besoin constant d’avoir un signal pour son téléphone portable, alors que Cliff est plus du genre à éviter les grands centres et à s’arrêter pour photographier des vaches. Oui oui, des vaches.

Mais si ce n’était que Marybelle. Il y a aussi Robert, son fils homosexuel qui a fait fortune dans le cinéma et que Cliff rejoint en Californie. Et Robert fait tout pour remettre ses parents en relation.

En frais d’action et d’histoire, c’est presque pas mal tout. Pas que je m’attendais à des évènements rocambolesques de la part de Jim Harrison, mais le titre (remarquez que c’est un autre superbe titre traduit) supposait au moins une aventure. Mais Harrison, ou son alter ego, influencé de ses maîtres Emerson et Thoreau, donne davantage dans le contemplatif, avec la nature, un chien et une canne à pêche pour seuls compagnons.

Pas que j’aie un problème avec ça, loin de là. Seulement, le livre se trouve à être très long, en bout de compte. Ce que je trouve beau, avec Harrison, c’est la perception et la compréhension de la nature. Quelque chose de très difficile à atteindre si on ne laisse pas tout tomber. Harrison aime la nature, la bouffe, l’alcool et les femmes, et je crois bien que ça se ressent dans tous ses livres. Faut juste doser. Malheureusement, le vieux Jim est un excessif.

Lire Jim Harrison, c’est comme une longue marche dans le bois en automne quand il fait beau. C’est juste que là, on a pris un petit sentier, on s’est perdu, il s’est mis à faire noir, pis quand on sort finalement du bois, on est pas pantoute au spot où on a laissé son char.