mercredi 20 juin 2012

Panama, de Thomas McGuane

(Panama, 1990)
Christian Bourgois éditeur, 1992, 176 p.




J’ai beau vouloir en quelque sorte me spécialiser en littérature américaine (je dis spécialiser, là, mais faudrait pas trop prendre ça à la lettre), il se trouve toujours de nouveaux auteurs pour débarquer et me rappeler que je ne connais que très peu de choses. Nouveaux pour moi, les auteurs, va sans dire.

McGuane, je l’ai connu sur une quatrième de couverture, celle de « Sailor et Lula », de Barry Gifford, dont je parle dans le texte précédent. On le cite même à DEUX reprises. Puis, coup de grâce, son nom apparaît aux côtés de Raymond Carver. Rendu-là, pas le choix d’aller voir.

Ça me fait plaisir, ce genre de nouvelles rencontres, ça me donne un nom à fouiller, une raison d’entrer dans les petites librairies. Pas que les raisons manquent, mais plutôt que j’ai vécu de nombreuses années d’achats impulsifs (et massifs) en librairie et voilà que j’ai de quoi lire jusqu’à la majorité de mon premier enfant, qui n’existe pas et n’est même pas en route. (Et tout ça te frappe en plein face en période de déménagement, un espace de vie soudainement retreint alors que tout ce qui se trouvait occupe maintenant le grande part du plancher, dans des cartons).

Tout ça pour dire que je ne m’attendais pas à trouver McGuane aussi facilement, dans la première librairie croisée, sur Beaubien près du cinéma.

J’ai mis un certain temps à traverser les 176 pages de ce petit roman. Le triste feuilleton que nous propose notre gouvernement en est une raison parmi tant d’autres. Autre raison valable, j’ai eu beaucoup de mal à suivre McGuane. En fait, j’ai constaté après quelques pages qu’il valait mieux se laisser porter qu’essayer de suivre. Il y a bien une certaine trame, mais on déboule surtout au fil de la folie de Chet Pomeroy, qu’on devine avoir été célèbre autant que qualifié de « pervers dépravé » pour certaines réalisations telles que sortir du cul d’un éléphant ou avoir vomi sur le maire de New York. L’histoire, cependant, se passe après les années de gloire, alors qu’il tente tant bien que mal de renouer avec Catherine, avec qui il s’est peut-être marié à Panama il y de ça quelques années.

La reconquête est difficile. Il ira jusqu’à se clouer une main sur sa porte pour lui prouver son amour.

Mais y’a pas que ça. Sa mère se remarie avec le pire salaud de Key West et son père, qu’il s’évertue à croire mort depuis une explosion dans le métro de Boston, tente de le revoir.Et pendant ce temps, il fustige quiconque admet que Jesse James est mort.

Faut dire que la drogue aide probablement beaucoup avec tout ça. Sans vraiment assister à des scènes concrètes, on le devine amateur de drogues dures. Ma réplique favorite du livre, alors qu’on lui offre un joint : « Ce genre genre de truc fait de l’ombrage à la scène de la drogue. Je suis contre. »

C’est peut-être gros, mais à quelque part, les dialogues me rappelaient certains passages d’Ulysse, de Joyce. Une question de feeling, surtout. Ce sentiment de n’y être pour rien, de devoir laisser les choses aller plutôt que de comprendre.

Je ne pourrais dire si c’est là un trait propre à McGuane ou simplement à ce livre. Faudra en lire d’autres pour voir. Si j’en trouve en librairie.


mercredi 9 mai 2012

En rafale

Ça fait maintenant dix ans que je poursuis cette habitude à la lettre. Je lis un livre, j’écris sur le livre. Avant que l’idée ne me vienne de tout mettre ça sur un blogue ⎯ avant que je sois fluide avec les internets et que je possède moi-même un ordinateur ⎯ je le faisais à la main, dans des carnets. Vous vous rappelez de ça, écrire à la main?

C’était long. Souvent je perdais mon idée en pleine écriture de phrase. Sans compter que j’écris tout croche, que ma calligraphie se déformait un peu plus à chaque paragraphe et que je finissais tout ça, inévitablement, avec le côté de la main beurré d’encre et un bonne partie de la page aussi. Maintenant, je préfère le plomb.

C’était long, mais je prenais le temps. Et maintenant que j’ai tous les outils pour que ça aille plus vite, je ne le prends plus, ce temps. Je voudrais bien vous dire que je suis plus occupé qu’avant, mais ça ne serait vrai qu’à moitié. J’en passe, du temps à rien faire, assis devant le même appareil dont je me sers quand je fais quelque chose.

Un livre, un texte, depuis dix ans et je lis quand même pas mal. Il n’a pas fallu grand chose pour m’enfarger. Les piles de livres en attente, c’est du côté des livres à lire que je suis habitué de les voir. Pas du côté des livres lus, en attente de traitement de texte. Le problème, je crois, c’est d’avoir lu de suite quelques tout petits livres, de les avoir enfilés en deux jours à temps perdu. Et la pile a commencé à monter et je me suis mis à me dire que je devrais plutôt lire des livres volumineux, comme ça j’aurais moins de textes à écrire. Pire que ça, j’ai pensé passer ces livres-là sous silence. Les remettre à la bibliothèque, ni vu ni connu, et repartir à neuf.

Ça aurait changé quoi au sort du monde? Franchement rien, si ce n’est que toi, cher lecteur qui ose s’aventurer ici, serais en train de perdre ton temps ailleurs. Je t’en remercie. Ça, puis ma conscience. Scrapper une habitude qui dure sur dix ans par pure paresse, pas de quoi être fier (je dis paresse, mais c’est que j’ai plein d’autres choses à écrire ces temps-ci, mais je ne considère pas ça comme une bonne raison). Alors voilà, ce matin je me suis levé de bonne heure et je prends le temps de vous parler, en rafale (gageons que je vais m’étendre) des cinq derniers livres que j’ai lus depuis la mi-mars.




Alain-Ulysse Tremblay
La vie d’Elvis
Coups de tête #9, 2008, 102 p



Big Will
Coups de tête #31, 2010, 177 p

C’est au cours d’un souper de voisins en plein milieu de semaine chez Toots et Valérie que je suis reparti avec ces livres-là. J’ai ma drive personnelle avec chacun d’eux. Avec Toots, on parle de musique, des affaire de notre band, d’affaire de boys en général. Avec Valérie, on parle de plantes, de littérature, on joue au Scrabble. Si je m’en vais là, je peux être avec juste l’un ou l’autre, je ne suis plus nécessairement de la visite, je suis juste là. Ça me plaît.

C’était la première fois que Toots me parlait concrètement de romans, je pense. Il lit pas vraiment des romans, Toots. Plein d’autres affaires, mais pas des romans. Il m’a dit que je m’y plairais avec le gros Ulysse, qu’on a, à quelque part, la même approche écrite du langage parlé.

Il me l’a pas dit, le maudit, mais m’a prêté le premier et le dernier tome d’une trilogie, alors que celui du milieu, maintenant dans ma pile de livres à lire, était sur la tablette autant que les autres. Je veux dire, tu prêtes Guerre et Paix à quelqu’un tu lui dis, Dude, lis le premier, tu reviendras souper quand tu voudra le deuxième. Mais ces livres là, je les ai presque lus au complet sur un shift de job de lundi après-midi qui se passait rien. Ça passe vite, un Coup de tête. Et ça passe vite, du Alain-Ulysse Tremblay, tout porté qu’on est par sa langue directe, ses chapitres courts, cette action qui avance sans cesse, ces personnages tristes et attanchants. Ça sert à rien de vous conter les histoires, de tout façon, il me manque celle du milieu. Je n’ai besoin que de vous dire qu’Alain-Ulysse Tremblay est trop peu connu pour la qualité actuelle d’écrivain qu’il représente. Alain-Ulysse vous botte le cul avec un p’tit livre de 100 pages et vous en redemanderez. Considérez-vous chanceux de pas le connaître, y’a une belle découverte qui vous attend là.

David Sedaris
Dress Your Family in Corduroy and Denim
Back Bay Books, 2004, 257 p.


S’il y a une chose que je me souhaite dans la vie, c’est qu’il y ait toujours au moins un livre de Sedaris que je n’aurai pas lu. Si un jour j’arrive au bout, je relirai tout. Sedaris est tout simplement parfait, je crois l’avoir déjà dit, mais j’aimerais bien être lui, mis à part le fait qu’il soit grec, gay et relativement snob. Ce gars-là a un regard unique sur la vie, rend les petites choses tellement grandes, trouve de l’esprit partout et prouve que le ridicule ne tue pas. Il fait vendre des livres.

Ici, Sedaris, après avoir passé une bonne partie du livre sur des histoires de jeunesse, fait la belle part à sa famille et je me félicitais à chaque texte de ne pas faire partie de cette famille, ou du moins, ne pas avoir ce gars-là comme frère. De grands moments, justement, traitent de son frère, un dude, un douchebag, sans l’ombre d’un doute, un gars sauvagement à son opposée. Les histoires de son mariage et de son premier bébé sont de grands, grands moments de divertissement.

J’en parle, là, et je le relirais sur le champ. Il y aura toujours un livre de Sedaris que je n’aurai pas lu.




Barry Gifford
Sailor et Lula
(Wild at heart, 1990)
Rivages/noir, 1991, 288 p.



Il y a longtemps, alors que j’étais libraire et que je croyais pouvoir changer le monde en essayant vendant d’autres livres que ceux du palmarès, y’avait Manu qui partageait la même passion que moi pour les romans noirs. On s’en est parlé souvent. Et ce livre-là, il me l’a recommandé longtemps et c’est seulement au moins cinq ans plus tard que je suis tombé dessus à la librairie à côté du cinéma Beaubien. C’est jamais perdu, une suggestion de livre.

C’est une fois le livre entre les mains que j’ai compris qu’il avait fait l’objet d’une adaptation au cinéma par David Lynch. Et c’est par après aussi que j’ai vu que Gifford, méchant fucké, avait co-écrit avec Lynch Lost Highway.

Bien sûr, je suis allé me louer le film à la Boîte vidéo. Difficile de traiter de l’un sans l’autre, rendu là. Du livre, d’abord, je dirai que j’ai regretté de l’avoir lu en français. Encore une traduction un peu bidon. C’est que si Sailor et Lula est une histoire qui raconte la fuite de Lula avec son amoureux fraîchement sorti de prison, l’idée de fuite reste tout de même secondaire. L’histoire tourne autour de dialogues et, la plupart du temps, on voit la force que certaines phrases peuvent avoir en anglais derrière la banalité de la traduction et on sait qu’on est en train de manquer quelque chose.

Le film, lui, va beaucoup plus loin, avec Nicolas Cage avant qu’il ne devienne qu’une pâle copie de lui-même, qui se prend pour un Elvis de bas-étage. Avec le personnage de Bobby Peru, incarné par Wilhem Dafoe, qui donne à l’histoire une toute autre dimension. J’ai de loin préféré le film, mais je garderai un œil sur les prochains livres de Gifford qui croiseront mon chemin. Je sens que j’ai beaucoup à apprendre de ce gars-là.



Emmanuel Carrère
Limonov
P.O.L, 2011, 489 p.



C’est au cours du même souper chez Toots et Valérie que je suis me suis fait mettre ce livre entre les mains, cette fois sous la suggestion de Valérie. Jamais lu Carrère, aucune idée de qui peut être Limonov « mais lis-ça, tu vas voir. Ça rock, je te le promets. »

C’est pas longtemps après l’avoir commencé, j’étais pas encore entré dans l’histoire, que j’ai croisé Max Ricard à l’Esco, accoudé au bar. Max et moi on se connaît peu, mais on sait qu’on aime les mêmes affaires, en littérature, et on ne manque pas de s’écrire pour s’en parler. Même qu’on s’est écrit plusieurs fois et qu’on s’aimait déjà avant même de s’être rencontré en personne. Et là, Ricard qui me dit « Mon gars, je suis en train de lire du Limonov, un genre de Bukowski russe, mais avec un gros penchant politique en plus. » Ça m’a donné le goût de m’y plonger, si c’était Ricard-approved en plus.

« C’est bizarre, quand même. Pourquoi est-ce que vous voulez écrire un livre sur moi? »
Je suis pris de court mais je réponds, sincèrement :parce qu’il a – ou parce qu’il a eu, je ne me rappelle plus le temps que j’ai employé – une vie passionnante. Une vie romanesque, dangereuse, une vie qui a pris le risque de se mêler à l’histoire.

Et là, il dit quelque chose qui me scie. Avec son petit rire sec, sans me regarder : « Une vie de merde, oui. »

Y’a pas à dire, Limonov est un personnage fascinant. Assez fascinant pour qu’on ne cesse de l’aimer et d’être intrigué même si le lecteur, au même titre que le biographe, sont souvent en désaccord avec sa pensée et ses agissements. Je reprends ici une partie de la quatrième de couverture, parce que ça résume assez bien le tout :

« Limonov n’est pas un personnage de fiction. Il existe. Je le connais. Il a été voyou en Ukraine; idole de l’underground soviétique sous Brejnev; clochard; puis valet de chambre d’un miliardaire à Manhattan, écrivain branché à Paris; soldat perdu dans les guerres des Balkans; et maintenant, dans l’immense bordel de l’après-communisme en Russie, vieux chef charismatique d’un parti de jeunes desperados. Lui-même se voit comme un héros, on peut le considérer comme un salaud : je suspend pour ma part mon jugement. »

Si vous croyez mener votre vie sans compromis, lisez Limonov et vous vous sentirez bien petit. J’avoue m’être un peu perdu dans les aléas de la politique soviétique mais qu’à cela ne tienne, il est difficile de croire que tout ce que l’on trouve dans ce livre vient de la même vie. C’est à la fois inspirant et choquant. Et Carrère en fait un livre particulièrement personnel, tant pour Limonov que lui-même. On aurait tendance à dire à un biographe de se tasser du chemin mais ici, ce n’est pas une biographie au sens propre. C’est un simple reportage qui a tourné au livre, parce que trop à dire. C’est un voyage dans la vie de Limonov, avec ce que l’auteur a pu ramasser comme informations dans ses publications, dans les articles de journaux, dans ses entretiens avec un sujet qui ne fait que répondre aux questions.

C’est la vie d’un gars qui a bâti son mythe, qui voulait être adoré, qui a réussi et qui en ressort avec un sentiment d’échec. C’est un homme insaisissable et je me lance dans son œuvre aussitôt que je trouve un de ses livres en bas de 40$.



Voilà. Je suis maintenant à jour. Et franchement, je suis un peu tanné d’écrire. Avoir fait ça à la main, j’y aurais mis la journée et je serais bleu jusqu’au coude. Dans dix ans, je me donnerai peut-être un autre petit break.

dimanche 18 mars 2012

La ballade de Nicolas Jones, de Patrick Roy


Le Quartanier, 2010, 221 p.

J’ai lu sur l’excellent site DoghouseDiaries que « Tomorrow » était « a mystical land where 99% of all human productivity, motivation and achievement is stored. » Pas que j’avais besoin d’une confirmation que je n’étais pas seul à user de procrastination. En fait, se faire rappeler qu’on n’est pas seul, peu importe la situation, renforce le sentiment de confort, si bien que je continue comme un chef à remettre à demain et constate avec stupeur que chaque jour comporte un demain qui lui est propre. Veut veut pas, ça en fait de la place pour laver le plancher, aller à l’épicerie, classer les factures pour les impôts et, oui, écrire dans ce blogue.

C’est que ce projet d’écrire sur mes lectures, il est là depuis trop longtemps pour que je l’arrête par pure paresse. Et je n’ai aucune envie de l’arrêter. Ce qui arrive, c’est que l’écriture du billet est en relation étroite avec mon plaisir de lecture et mon occupation les jours suivant la dernière page lue. Ou mon désir d’écouter des films ou de jouer de la guitare plutôt que d’écrire sur un livre qui quitte un peu ma mémoire à chaque nouveau demain.

Puis, vous l’aurez remarqué, j’aime bien lire. Chaque livre terminé signifie un genre de deuil, oui, mais aussi un tout nouveau monde à découvrir. Ce sentiment de pouvoir choisir le livre que tu veux, dans tous les livres qui existent. C’est infini et ça me revient aux deux-trois semaines.

Mais voilà, on termine une histoire et on en commence une autre, puis une autre. Puis on se monte un bill sur le blogue. Je dois parler ici de « La ballade de Nicolas Jones » mais j’ai lu un autre livre entre temps, puis là y’en a deux pour lesquels j’étire la fin à petit feu. Si jamais des publications rapprochées sur ce blogue donnent l’impression que je lis à la vitesse de l’éclair, vous savez maintenant que c’est parce que j’ai du temps libre et que j’ai décidé de régler des cas.

Tout ça pour dire qu’avoir lu une biographie ou un roman policier, l’exercice serait ici beaucoup plus simple. Mais un roman personnel et poétique comme « La ballade de Nicolas Jones » mérite qu’il nous habite encore si on est pour écrire à son sujet. La langue est lourde, quoiqu’imagée et très fluide, le mal-être du personnage principal si imposant qu’on veut bien se prêter à l’exercice du moment qu’il dure, mais après, faut aller prendre une marche. Et ma marche, elle a duré deux semaines.

J’imagine donc que ce billet tiendra donc surtout à l’idée de vous informer que je l’ai lu plutôt que de vous en faire un résumé. De toute façon, un résumé est souvent la dernière chose qui me donne envie de lire un livre. L’important se trouve plus souvent dans le traitement que dans le sujet. Et le traitement, ici, prend beaucoup de place. Et je préfère me taire plutôt que de me rappeler vaguement.

Tout ça pour dire que si le concept de « lecture d’été » en est un qui prévaut dans votre cas, vous voudrez peut-être attendre à l’automne pour en faire la lecture. Pour les autres, allez-y, ce gars-là sait écrire quelque chose de rare.

mercredi 29 février 2012

Dino. La belle vie dans la sale industrie du rêve, de Nick Tosches


(Dino. Living high in the dirty business of dreams, 1992)
Rivages/noir, 2001, 638 p.

J’étais à Paris en novembre passé et comme mon activité principale de la semaine, outre boire du vin, avait été de tourner (ou pas) au hasard sur chaque rue qui se présentait, voilà que je m’engageais dans une petite allée qui aurait entre autres qualités celle de me ramener vers l’auberge. Du moins, je l’espérais. Il ne me restait plus que ma gauche et ma droite, les points cardinaux, depuis mon arrivée, me tournaient autour en faisant la ronde et chantant des chansons.

J’essayais de tenir en équilibre sur le trottoir à funambules quand mon regard s’est porté automatiquement vers une librairie de l’autre côté. Moi qui pensais que cette rue ne valait même pas la peine d’avoir un nom et voilà que se présentait devant moi quelque chose comme un genre d’idéal, une librairie de romans noirs. Tous classés par collection, ces livres mis ensemble créaient une unité imposante. Y’en a, du monde qui meurt dans ces murs-là. Respect.

Après avoir déambulé la bouche ouverte dans l’espace restreint, j’étais accroupi près de la porte d’entrée dans la section réservée à Rivages. Va sans dire que le plus beau spot de la librairie était réservée à La Noire de Gallimard. Heureusement, je n’étais pas dans un mood noir ou policier. Ça m’aurait coûté cher. Non, je cherchais des livres de musique. Je venais de m’acheter l’autobiographie de Mingus et voilà que, sur la dernière tablette du bas - j’étais tout courbé, si quelque ouvrait la porte d’entrée j’en prendrais un sale coup dans les reins – je suis tombé sur ce livre de Nick Tosches sur la vie de Dean Martin. Y’avait même pas de prix écrit à l’intérieur, j’ai demandé au vieux libraire qui s’est penché à mes côtés pour rapidement prendre un livre de la même collection en exemple et se relever aussitôt. « Bah, je sais pas, disons 3 euros? »

Pendant une semaine, j’ai eu la plus grande des difficultés à faire la transposition des devises. Si bien que 3$ pour un Rivages de plus de 600 pages était tout un deal.


De Nick Tosches, j’avais déjà lu Country : Les racines tordues du Rock’n’ Roll, puis la moitié de Night Train, un livre consacré au boxeur Sonny Liston. Pourquoi je l’ai pas terminé, ça j’en ai aucune idée. De Tosches, je sais qu’il traite généralement de sujets qui m’intéressent, d’époques qui m’intéresssent et qu’il les aborde généralement par le côté sombre. Nick Tosches ne fait pas dans la joie.

De Dean Martin, je ne savais que très peu de choses. Mon premier contact réel datait de la seule fois de ma vie où j’ai acheté des disques de noël. Un coffret d’Elvis et un disque du Rat Pack (Sinatra, Martin, Davis). Dès les premières notes de I’ve Got My Love To Keep Me Warm, j’avais été charmé par la décontraction de Martin, par la chaleur de sa voix. Puis, plus tard, alors que Martin chantait Rudolph The Red-Nosed Reindeer, force m’était de constater que chanter cette chanson tout en ayant l’air aussi cool relevait du tour de force. Dean Martin avait mon respect. Un album de noël, fallait le faire.
Je me suis donc lancé dans cette biographie fortement teintée du ton de l’auteur en constatant que je ne connaissais rien de Dean Martin. Et c’est bien là l’une des grandes lignes directrices de sa vie : personne ne saurait jamais ce qui se passe dans la tête de cet empereur du cool.

Dire à quel point je n’avais aucune idée de la carrière de l’homme, j’ignorais qu’il avait accédé au statut de grande vedette avec son duo avec Jerry Lewis. Tous deux à l’affiche du même casino, Lewis ouvrait la soirée avec son numéro de lipsych humoristique et Martin terminait avec son tour de chant. Puis, un soir, ils sont revenus sur scène pour faire une troisième partie improvisée où ils déconnaient. C’était le début d’une grande association, le bellâtre décontracté et le petit singe aux simagrées, qui les mena à faire, pendant une dizaine d’années, un nombre impressionnant de spectacles à guichet fermé dans les plus grands endroits (Copacabana, Atlantic City, Las Vegas, etc), de films, d’émissions de télé et de téléthons (un concept qu’ils ont eux-mêmes initié). Tout ça en accumulant un nombre ridicule de dollars. Ridicule vers le haut, entendons-nous.

Dans ma tête, Martin était un chanteur, mais en fait, il a surtout été une grande vedette au sens général. Ayant bâti sa carrière et sa réputation en se contentant principalement d’être lui-même, il a vogué sur l’adoration et les millions durant des années.

La carrière de chanteur a été longue à démarrer. Sur disque, du moins. Au début, il ne semblait être qu’une pâle copie de Bing Crosby, jusqu’à ce que le « ton » Dean Martin devienne un incontournable dans les foyers américains. Il a mis du temps à s’inscrire dans les palmarès. Mais du moment que ça a été fait, et ça ne ferait qu’empirer, Martin en spectacle ne terminait même plus ses chansons. Si je la chante au complet, vous n’achèterez plus mes disques.

Au cinéma, il a tourné plus d’une cinquantaine de films. Si, durant une courte période, il a été jusqu’à avoir certaines très bonnes critiques, il n’en reste pas moins qu’il était un acteur moyen. Mais sa seule présence pouvait servir au succès du film. Il était l’icône parfait de la culture populaire, si bien que ses rôles dans certains films plus sérieux suscita des critiques sévères. Mais Martin n’en avait rien à foutre, il ne croyait pas à l’idée que l’on puisse trouver de l’art dans le cinéma. Si bien qu’il se vautra de plus en plus dans des rôles mauvais de films mauvais, tout en encaissant les millions. Cependant – et c’est l’une des plus grandes constantes du livre – sur le plateau, Martin était un vrai professionnel. Il arrivait toujours à l’heure, savait ses textes à la perfection ainsi que ceux des autres acteurs, collaborait sans jamais faire de crises de vedettes (il ne comprenait pas ceux qui affirmaient que c’était là un métier difficile), il faisait rire l’équipe, charmait les actrices. Puis il s’est enfoncé peu à peu dans la médiocrité. Il ne faisait ses scènes qu’une seule fois, se désintéressait de ses rôles (s’y était-il déjà intéressé?), ne regardait même pas ses films.

À la télé, Martin a été l’hôte d’un grand nombre d’émissions. Blagues faciles, filles sexy, verre et cigarette à la main, Martin faisait les choses comme bon lui semblait. Mais avec l’arrivée des années soixante et les nouvelles moeurs relatives à l’époque, l’attitude de la vieille école avait de moins en moins sa place. Tout de même, derrière son attitude sexiste et ses blagues d’alcoolique, le peuple américain voyait en Martin le bon père de famille et le mari attentionné. Mais son divorce avec Jeanine, après vingt ans de mariage, pour s’acoquiner avec une poulette de 19 ans, fit chuter d’un coup sa belle réputation. Et il répondit aux nombreuses lettres de contestation venues de divers mouvements sociaux en offrant des émissions encore plus grivoises. Youtube vous fournira un grand nombre d’extraits malaisants où l’on voit un dean Martin visiblement saoûl et très approximatif.

Alors que je croyais apprendre des tas de choses sur le Rat Pack et Sinatra, la plus grande partie du livre fait place à l’époque du duo avec Jerry Lewis. N’empêche, Sinatra occupe le dernier tiers du livre. Alors que l’entourage de Sinatra se composait principalement de lèche-culs, ce dernier recherchait la compagnie de Martin. Au même titre qu’Elvis, qui a toujours admiré Martin, qui a souvent traîné en moto devant sa maison sans jamais avoir les couilles pour aller cogner à sa porte. À part la mort de son fils dans un accident d’avion et les nombreux maris de ses filles, tout porte à croire que Dean Martin n’en a jamais eu à foutre de rien.

Somme toute, le livre est plutôt lourd à la lecture. Tosches s’enfonce souvent dans les nombreuses modalités de contrat, beaucoup de chiffres, beaucoup de noms inconnus, de dates ainsi que l’histoire complète de la plupart des casinos où Martin a joué font plus souvent qu’autrement ombrage à l’aspect humain, qu’on aurait aimé lire d’avantage.

Mais encore-là, comment faire un livre personnel avec un sujet qui n’a toujours laissé paraître que son image?

jeudi 9 février 2012

Squirrel seeks chipmunk, de David Sedaris



Illustrations de Ian Falconer
Back Bay Books, 2010, 168 p.

Ça adonnait que je passais dans le coin de ce magasin grande surface où j’ai écoulé un nombre d’heures plutôt déprimant en tant qu’employé par les années passées. Même si peu de choses ont changé, il n’en reste pas moins que, depuis mon départ, rien n’est plus pareil. Au niveau de mes intérêts personnels, je parle. Après avoir fait un tour décevant de la place occupée sur les tablettes par mes auteurs fétiches, force m’était de constater que certains de ces livres avaient été mis sur les tablettes par ma propre main, trois ans auparavant.

J’en étais à errer dans les allées avec un air mitigé et un peu déprimé. J’avais déjà été au courant de toutes ces nouveautés, un genre de référence, même. Fini, ce temps-là. J’étais encore pris avec des auteurs découverts des années plus tôt et qui plus est, avec aucun désir de nouveauté. J’en étais presque à demander conseil à une libraire de 22 ans que je connais même pas quand je suis tombé sur Ghislain, un des rares visages de mon époque encore sur le plancher. En lui parlant, j’ai eu un flash : « T’as-tu du David Sedaris? »

Je posais la question en sachant très bien que, à moins que l’auteur ait sorti un livre dans les six derniers mois, il était peu probable de retrouver un de ses titres sur les tablettes. Devant l’ordinateur, il m’a confirmé qu’il y avait bel et bien un titre, dans la maigre section Humour.

J’ai vite trouvé le livre pour constater qu’il y avait des animaux sur la couverture. En lisant les inévitables critiques enthousiastes de quatrième de couverture, j’ai compris que les histoires du recueil mettaient en scène des animaux. Aw, come on. Je n’avais encore lu qu’un seul livre de Sedaris et ça avait été bien assez pour me rendre inconditionnel. Mais inconditionnel de ses récits, je veux qu’il me parle de lui, comme il sait si bien le faire, pas qu’il me raconte des histoire avec des… animaux, merde.

Puis je me suis fait à l’idée qu’il devait y avoir anguille sous roche. C’était impossible que Sedaris soit inintéressant. Je suis reparti aussitôt avec entre les mains un livre où l’on voit en couverture deux mignons rongeurs en tête à tête.

Le métro n’était pas encore arrivé que j’étais déjà complètement absorbé par la finesse cynique de Sedaris. Et je continuerais comme ça, tout au long de ma lecture, à secouer la tête en me disant que ce gars-là a vraiment pas d’allure.

Les animaux mis en scène ici se parlent tous entre eux, vivent dans une société qui leur est propre, tout en gardant leur fonction première, c’est-à-dire, être des animaux. D’une espèce à l’autre, les coups volent bas, les préjugés sont légions, à commencer par ce mépris généralisé des oiseaux.

Sedaris allie à merveille les comportements humains et animaux. Un chat en prison qui fait la vie dure à la souris qui dirige les réunions des A.A. « I’m telling you, brother, you do NOT want that mouse as an ennemy.
⎯ What’s he going to do, the cat said, steal the cheese off my hamburger patty? »

Un couple de chiens en crise conjugale alors que la femelle, une bâtarde, vient d’avoir une portée avec le chien d’en face et que le mâle, un pure race, « gagne sa vie » en se reproduisant avec d’autres chiens de race. « She says that if it’s a paycheck I’m after, I could just as easily lug around a blind person. « Or better yet, sniff out contraband, you and that selective nose that hates the TV but loves the smell of a book.
⎯ Not ALL books » I tell her. And it’s true, I can’t stand thrillers. »

Ou encore cette magnifique histoire où un Hibou assoiffé de savoir tente de régler le problème d’un hippopotame aux prises avec une colonie de larves chantantes dans l’anus.

Je pourrais toutes les raconter, mais ça tuerait la magie de Sedaris. Ce ton baveux, cynique, intelligent, mais toujours égal. Il vous fait plus souvent rire en coin qu’éclater aux éclats, comme si vous assistiez à quelque chose de pas permis, quelque chose dont il ne faudrait pas rire mais qui est définitivement très, très drôle.

Davis Sedaris vous divertit tout en faisant honneur à votre intelligence. Je suis déjà triste d’avoir, très bientôt, déjà lu tous ses livres.

jeudi 26 janvier 2012

Arvida, de Samuel Archibald


Le Quartanier, 2011, 315 p.

Maintenant que je l’ai lu, on me dit qu’on parle partout de ce livre-là. Mais quand Vallières m’a montré dans le temps des fêtes ce cadeau qu’il avait reçu en me disant « C’est la grosse affaire, y paraît. Tout le monde parle de livre-là », je jure que c’est la première fois que j’étais mis au courant du livre et de son auteur.

J’ai arrêté d’être libraire et pas à peu près.

J’ai alors pris le livre qu’il me tendait pour faire connaissance. Pour la première fois de la soirée, je laissais les enfants me courir autour et me sauter au cou sans répliquer. Mononc’ Gasse s’offrait une pause, dans la mesure du possible. D’entrée de jeu, je remerciais déjà les éditions Le Quartanier de faire de si beaux livres. La qualité et la beauté de l’objet sont trop souvent négligées. Faut respecter.

Puis la quatrième de couverture s’est mise à me parler. On termine la présentation en citant Cormac McCarthy, Jim Thompson, Stephen King. On joue gros, je me disais. Puis, juste avant d’ouvrir à la première page : « Samuel Archibald est né en 1978… »

Cette excitation mêlée de crainte de découvrir un auteur de talent plus jeune que toi.

Théo me faisait exploser la tronche avec ses nouveaux pistolets de cowboy, Marie était accrochée à mon cou et me couvrait de baisers, Lili-Rose insistait que je me lance avec elle dans une partie d’un jeu éducatif et moi, j’étais déjà investi à fond après une première page.

J’ai déposé le livre en remettant le rendez-vous à très bientôt et me suis remis à quatre pattes en faisant des bruits de lion. Y’a des rendez-vous qu’on ne reporte pas.

Quelques jours après, je suis passé au Port de Tête pour me le procurer. J’ai joint à mon achat « La ballade de Nicolas Jones » de Patrick Roy, toujours au Quartanier, et le recueil de Robin Aubert. Mine de rien, je ne m’étais pas acheté de livres depuis un bout. J’étais pas mal fier.


Cette fin de semaine, je suis allé en abitibi et il est arrivé ce que je redoutais. Pas assez de pages pour compléter le voyage. J’ai repoussé comme j’ai pu la fin inévitable. Mais merde, quand t’aimes c’que tu lis, c’est ben maudit de pas aller de l’avant.

On devait être sur le retour dans le coin de Tremblant quand j’ai refermé le livre en me disant « Ouin ben Archibald, t’aurais eu 70 ans pis une vingtaine de livres d’écrits que j’aurais salué haut et fort la beauté d’Arvida. Mais c’est ton premier livre. On te connaissait pas pis bang, t’arrives avec ça, toi-là. Shit. Tu me donnes autant envie d’écrire que d’arrêter. »

Si vous voulez vraiment savoir de quoi ça parle, si c’est vraiment nécessaire pour vous, allez voir ailleurs, paraît qu’ils en parlent partout.

mercredi 18 janvier 2012

Le XXe siècle américain, une histoire populaire de 1890 à nos jours, de Howard Zinn


(The twenieth century, extrait de People’s history of the United States, 1492-present)
Lux, 2003, 474 p.

Je suis pas un gars de politique et je suis plus ou moins un gars d’Histoire, sauf si ça se rattache à la musique. Un moment donné, on choisit ses forces puis on s’enrichit dans ces directions-là. C’est sur un coup de tête que je me suis lancé dans la lecture de ce livre et j’y ai mis quand même un certain temps. D’un côté parce des lectures de livres politiques écrits tout petit avant de se coucher, c’est pas le meilleur contexte (quoique ça fasse drôlement la job) et de l’autre côté, parce que ça fait tellement rager qu’il faut prendre des pauses, pas le choix.

Howard Zinn oriente son livre en fonction des luttes sociales beaucoup plus que des gouvernements. Et des luttes, c’est comme s’il n’y avait eu que ça : Luttes syndicales, droits des noirs, droits des femmes, mouvements anti-guerre (la première, la deuxième, le Vietnam, la Corée, le Salvador, le Koweit et toutes celles que j’oublie, qu’on a oubliées ou dont on n’a même pas entendu parler), manifestations écologiques, le 99%/1% qui est en place depuis toujours, etc.

Et à travers les époques, toujours la même rengaine. Mauvaise répartion des richesses, expansion constante du budget militaire au détriment de nombreux services sociaux, gouvernement hypocrite (tant républicain que démocrate) qui se dit fier de représenter le peuple, alors que seulement une infime partie de ce dernier se soit présenté aux urnes, bombardements réguliers et rarement justifiables afin d’affirmer au reste du monde sa suprématie militaire au lieu d’en faire une suprématie humaitaire. Et ce désir constant de combattre le crime en punissant à l’œil et en construisant des prisons au lieu de travailler à enrayer la pauvreté.

Je ne connaissais de l’histoire des Etats-Unis que certaines grandes lignes directrices et encore, dans un ordre un peu flou. Plus enclin à découvrir l’Amérique à travers l’œuvre de Dylan que celle des différents présidents. Oui, il y a une grande partie de ce livre qui m’a échappée. Je suis capable de vivre avec. Et Howard Zinn vous fait bien vivre avec ça, aussi. La majorité des sujets tratés sont renforcés par de nombreux témoignages du peuple. Les petites personnes qui ne changent rien aux statistiques pour qui la vie a été un enfer pour avoir désiré et soutenu un idéal rarement utopique.

Pas en Union Soviétique sous Staline, là. Aux Etats-Unis., bon dieu. The land of the free.

Deux exemples bien anodins, durant la première guerre mondiale :
« À Los Angeles, on pouvait voir un film sur la Révolution américaine qui évoquait les atrocités commises par les Britanniques à l’égard des colons. (…) Le réalisateur fut poursuivi au nom de la loi sur l’espionnage au motif que son film, selon le juge, mettait en cause « la bonne foi de notre alliée, la Grande Bretagne. Il fut condamné à dix ans de prison.
Dans une petite ville du Dakota du Sud, Fred Fairchild, fermier et socialiste, fut accusé d’avoir déclaré au cours d’une discussion sur la guerre : « Si j’avais l’âge d’être enrôlé et que je n’avais pas de famille, je refuserais de servir. Ils pourraient me tuer mais ils ne m’obligeraient pas à me battre. » Il fut jugé pour atteinte à la loi sur l’espionnage et condamné à un an et un jour d’emprisonnement (…) »

Des choses comme ça, tout au long du vingtième siècle, pendant près de 500 pages. Pas besoin d’aimer et de comprendre la politique pour se lancer dans ce livre. Il s’agit d’aimer et de comprendre les gens. Et il faut accepter d’être triste pendant près de 500 pages.

Je lisais ça l’autre fois à la job quand Marco est arrivé et a tout de suite reconnu le livre. Lui, il a lu la version complète, qui couvre de Christophe Colomb à George Bush, celui qui a l’air d’un petit singe, là, pas l’autre avant. « Man, si tu trouves ça déprimant, attends de voir ce que Christophe Colomb a fait aux indiens. Ça a pas de crisse de bons sens. On connaît pas la vraie histoire, mon gars. »

Shit. Faudra bien aller voir de ce côté-là un jour, mais d’ici-là, je vais lire une belle quantité de romans. Des romans pour la plupart déprimants, sans aucun doute, mais au moins des histoires inventées.

Oui, ce livre m’a rendu triste. Parce que les Etats-Unis, ça reste somme toute un pays fascinant. Parce que mes créateurs favoris y sont nés, y ont vécu, l’ont raconté. Parce qu’il est rempli d’êtres humains qui veulent juste avoir la paix. Comme ici. Comme en Irak aussi. Comme partout, merde.