mercredi 20 juin 2012

Panama, de Thomas McGuane

(Panama, 1990)
Christian Bourgois éditeur, 1992, 176 p.




J’ai beau vouloir en quelque sorte me spécialiser en littérature américaine (je dis spécialiser, là, mais faudrait pas trop prendre ça à la lettre), il se trouve toujours de nouveaux auteurs pour débarquer et me rappeler que je ne connais que très peu de choses. Nouveaux pour moi, les auteurs, va sans dire.

McGuane, je l’ai connu sur une quatrième de couverture, celle de « Sailor et Lula », de Barry Gifford, dont je parle dans le texte précédent. On le cite même à DEUX reprises. Puis, coup de grâce, son nom apparaît aux côtés de Raymond Carver. Rendu-là, pas le choix d’aller voir.

Ça me fait plaisir, ce genre de nouvelles rencontres, ça me donne un nom à fouiller, une raison d’entrer dans les petites librairies. Pas que les raisons manquent, mais plutôt que j’ai vécu de nombreuses années d’achats impulsifs (et massifs) en librairie et voilà que j’ai de quoi lire jusqu’à la majorité de mon premier enfant, qui n’existe pas et n’est même pas en route. (Et tout ça te frappe en plein face en période de déménagement, un espace de vie soudainement retreint alors que tout ce qui se trouvait occupe maintenant le grande part du plancher, dans des cartons).

Tout ça pour dire que je ne m’attendais pas à trouver McGuane aussi facilement, dans la première librairie croisée, sur Beaubien près du cinéma.

J’ai mis un certain temps à traverser les 176 pages de ce petit roman. Le triste feuilleton que nous propose notre gouvernement en est une raison parmi tant d’autres. Autre raison valable, j’ai eu beaucoup de mal à suivre McGuane. En fait, j’ai constaté après quelques pages qu’il valait mieux se laisser porter qu’essayer de suivre. Il y a bien une certaine trame, mais on déboule surtout au fil de la folie de Chet Pomeroy, qu’on devine avoir été célèbre autant que qualifié de « pervers dépravé » pour certaines réalisations telles que sortir du cul d’un éléphant ou avoir vomi sur le maire de New York. L’histoire, cependant, se passe après les années de gloire, alors qu’il tente tant bien que mal de renouer avec Catherine, avec qui il s’est peut-être marié à Panama il y de ça quelques années.

La reconquête est difficile. Il ira jusqu’à se clouer une main sur sa porte pour lui prouver son amour.

Mais y’a pas que ça. Sa mère se remarie avec le pire salaud de Key West et son père, qu’il s’évertue à croire mort depuis une explosion dans le métro de Boston, tente de le revoir.Et pendant ce temps, il fustige quiconque admet que Jesse James est mort.

Faut dire que la drogue aide probablement beaucoup avec tout ça. Sans vraiment assister à des scènes concrètes, on le devine amateur de drogues dures. Ma réplique favorite du livre, alors qu’on lui offre un joint : « Ce genre genre de truc fait de l’ombrage à la scène de la drogue. Je suis contre. »

C’est peut-être gros, mais à quelque part, les dialogues me rappelaient certains passages d’Ulysse, de Joyce. Une question de feeling, surtout. Ce sentiment de n’y être pour rien, de devoir laisser les choses aller plutôt que de comprendre.

Je ne pourrais dire si c’est là un trait propre à McGuane ou simplement à ce livre. Faudra en lire d’autres pour voir. Si j’en trouve en librairie.