vendredi 2 avril 2010

En d'sous, de Sunny Duval


Coups de Tête no 26, 2010, 147 p.

J’avais été bien heureux, à l’époque du cahier LP/2 de La Presse, de lire un Sunny plus accessible et compréhensible que celui qu’on rencontrait dans les pages du Bang-Bang, des textes que je terminais avec le sentiment d’avoir manqué quelque chose, un mot de passe, un manuel d’introduction, je sais pas trop.

Un Sunny plus people, donc, mais Sunny quand même. Entre les lecteurs de La Presse et du Bang-Bang, y’a pas qu’un petit pas à franchir. Et lui l’avait très bien fait, même avec ses petites jambes. (Hey, j’ai le droit de faire des blagues de p’tit.)

De la chronique au livre publié aussi, il y a un certain pas. Et un délai. C’est quatre, cinq ans plus tard que paraîssent donc chez Coups de Tête ces chroniques du monde d’en-d’sous, un peu réarrangées j’imagine, pour que l’auteur se remette à son goût du jour (publier des textes écrits cinq ans plus tôt, aucun doute que tu grinces des dents et que t’as envie de te réécrire un peu) et agrémentées de quelques élans de poésie.

Le livre en soi se lit comme un charme, comme un pet. Comme un pet charmant, c’est pas rien. On prend plaisir à se faire raconter ces histoires qui mènent à quelque chose, ou à rien du tout, des histoires sur son groupe, sur ses tounes, ses amis, son local, sur sa ville, le fait de l’habiter sans toujours avoir l’argent pour payer, le fait de la quitter, toujours pour mieux revenir. On prend plaisir, si on connaît moindrement la musique d’ici qui se joue avec des pédales de distortion, à reconnaître certains personnages, dont les noms sont dans la plupart des cas de légers dérivés de l’original, comme une copie en négatif. Mes noms préférés : Black Sabin et Girond. Tiens donc, les deux chiâleux.

J’ai cependant eu le sentiment, en relisant toutes les chroniques une à la suite de l’autre, que le ton de Sunny oscillait entre le désir d’être rock et l’obligation d’être éducatif. À mon avis, certaines chose expliquées ou justifiées ralentissent le rythme. Ça paraît, dans des textes de deux–trois pages. Peut-être aussi que je prends certaines choses pour acquis, en ma qualité (ou en mon défaut?) de gars qui joue de la musique dans la vie, quoique pas aussi rock que c’bon Sunny. (Hey Sunny, t’as vu, j’ai pas écrit le mot « musicien » dans la dernière phrase.) Je dis ça, là, mais c’est rien pour gâcher un plaisir.

Quoiqu’il en soit, on ressort de tout ça avec une belle idée de l’esprit allumé de Duval, un esprit qui est toujours là, toujours prêt, et qui prend tout son sens avec l’heure qui avance. Une machine à jeux de mots (…peut-être un peu trop?…), à images savoureuses (… la main en forme de drink toujours plein…), un rockeur amoureux de la vie, des filles, du soleil et de ses amis. Et des pintes aussi.

Quelque chose qui doit donner envie d’être dans un band, si c’est pas déjà fait.

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