dimanche 20 juin 2010
Le Bolognais, une histoire pour adultes
Faut dire en partant qu’il l’a toujours eu un peu facile, avec les femmes. Ce genre de charme, de magnétisme, que t’acceptes en haussant les épaules pis en soupirant, qui fait que quand tu reviens de pisser, y’a la fille que vous aviez spottée tous les deux en rentrant qui est là, assise avec lui, pis qui a l’air d’avoir ben du fun. Pis lui, il a pas bougé de son banc. Il est resté là, ben tranquille. Un aimant.
On s’habitue. Au bas mot, en deux mois de colocation, autour d’une vingtaine de filles ramenées. Pas de jokes. Pas de dindes non plus. Des filles ben correctes. Correctes, comme que lui il est correct. C’est pas un maquereau, c’est pas un gino, pas un maudit crinqué de cruise, pas un salaud ni un guitariste de blues, y’est juste ben beau. Même pas si beau à part de ça. Y’a de quoi dans les yeux, faut croire. En tout cas, y’a même pas besoin de regarder ce qu’y veut pour l’avoir.
Je sais pas trop si on s’enlignait sur une grosse soirée, mais clairement que quand tu commences au Campus, tu donnes un genre de ligne directrice à ton affaire. Tsé, de quoi que tu lèves le lendemain pis que tu te dis « eeeehhhhh boy, c’pas la crème, c’qu’y se passe là, là…. » On avait déjà vidé deux bouteilles à trois en soupant à l’appart, y nous avait fait tout’ qu’un snack, un poisson blanc, là, revenu dans un fond de veau avec une purée d’un genre de radis chinois, là, je sais pus trop. C’étais assez débile. Sérieux, on mange ben en sale à l’appart, y fait de la bouffe comme un chef pis ça, crisse, les filles le savent même pas encore quand elle commencent à tripper dessus. Imagine.
Fait qu’on est arrivé là assez tard, pareil, pis quand même pas pire chauds. Cocktail juste ben l’fun, là. Pis tsé, je l’ai déjà vu mon coloc, je l’ai déjà vu opérer straight pipe en arrivant, tsé, genre starter le radar au vestiaire, histoire qu’y soit rendu plein régime un coup su’l dancefloor, mais là, c’était pas ça. On s’est accoté les trois au bar, on s’est câllé trois gin tonics pis trois shooters de Jack en riant de la muse sans lâcher la serveuse des yeux. On était ben relax.
Ça devait faire, quoi, dix, quinze minutes qu’on était dans’ place que le coloc y’est parti danser, même si la musique était poche. C’est ça, lui-là, là. C’t’un danseux. Sunday Bloody Sunday. Comme quand on allait veiller à 19 ans à St-Fé. Nous autres on est resté au bar, à regarder des femmes pendant qu’elles nous regardaient pas. Il avait même pas dansé une toune au complet encore qu’une fille est venue le voir. Ben tranquille, elle lui a parlé dans l’oreille, drette bang de même en partant : « J’ai le goût de te faire une pipe. Ça te tente-tu?
⎯ Ben, eeeh, ben oui… c’est ben clair. »
Non mais on s’entend-tu que la fille qui te propose une pipe à frette de même, ça se peut ben que ça y goûte encore le boy d’avant dans le fond du palais? Je sais pas, mettons que tu jases avec une fille au bar pendant une demi-heure, une heure, vous trippez, est’ belle pis à sent bon pis toute pis un moment donné à te dit : « J’ai le goût de te faire une pipe, ça te tente-tu? », OK… là on jase, là tu sais que tu y est pour quelque chose pis que tu l’as gagnée, ta pipe. Mais l’autre qui arrive de nulle part de même pis qu’en plus, elle a même pas eu le temps de te spotter comme du monde parce que ça fait une demi-toune que t’es su’l dancefloor…
Remarque, on aurait tout fait pareil. On aurait tout dit oui, kess-tu penses. Mais des affaires de même, c’est yinque à lui que ça arrive.
Fait que le coloc pis la fille s’en vont aux toilettes, rentrent dans une cabine, dézippe le zippeur, baisse les culottes, sacre la graine dans’ yeule pis commence à le sucer. Deepthroat, un p’tit gag de temps en temps, liche les couilles en passant, le gros kit.
Y’a dit que des fois, elle arrêtait pour prendre son souffle pis qu’à tanguait d’un bord pis de l’autre, un peu chaude, su’l bord de sacrer le camp en bas de la toilette, mais tsé, tranquille pareil. Fait qu’y la prenait par la tête pour qu’à recommence à le sucer. Non mais tsé, un coup riggée sur sa graine, à restait ben drette, à risquait pas de tomber.
Fait que ça a pas duré ben ben longtemps. Un coup rendu su’l bord de venir, le coloc y’est allé un peu plus roffe, pis y’est venu, pis elle a tout’ pris. Pis il s’était à peine sorti la graine qu’à s’est mise à y gerber dessus. Big Time. Non mais tsé : « oh, oh, oh, AAAAAAARRRGGGHHHH!!!! » pis juste après « Beeeuuuuuaaaarrrrgghhh ».
Y capotait.
Une chance, elle y a pas tout’ splashé ça dessus, là, elle l’a retenu un peu, mais tsé, juste assez pour y saucer le cap. Pis après ça elle s’est tassée pis ça a tout’ sacré le camp à terre.
Fait qu’y est sorti de là en shakant un peu pis y se l’est nettoyée à grands coups de scott towell brun. Pis y’est venu nous rejoindre au bar. On avait pas bougé, on s’était câllé une deuxième tournée, on avait pas fini la première. « Les boys, y vient de se passer de quoi, là… »
Y nous a tout’ conté ça dans les détails. On riait, on riait. « Pis le gros, kessé qu’elle avait mangé, la fille?
⎯ Bah, un spag, là. Genre de sauce bolognaise…
⎯ Pouaaahhh!!! Mon boy, on va t’appeler Le Bolognais, c’est ben clair!
⎯ Bois de Bologne!!!
⎯ Ah, come on les boys…
⎯ Bois de Bologne! Bois de Bologne! »
Il faisait semblant d’être choqué, mais il trouvait ça aussi drôle que nous autre. Je pense même qu’il l’aimait ben, son nouveau surnom. Il l’avait gagné, en tout cas. « Pis elle est où, la fille? Spotte-nous là donc... »
Y s’est déviré pis y’a regardé le dancefloor. Y’a fouillé quatre-cinq secondes pis y’a dit en pointant « C’est elle, là-bas.
⎯ Laquelle, ça?
⎯ Avec la camisole rouge, là. Celle avec le boy pis qu’y se frenchent la face … »
La gueule nous a tombé, on s’est reviré de bord pis on a recommandé des shooters de Jack. Avec comme un drôle de feeling dans le fond du palais.
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