dimanche 2 août 2009

Un amour fraternel, de Pete Dexter


(Brotherly Love, 1991)
De l’Olivier, 1996, 347 p.

Ouin ben, c’est l’été, comme on dit, et ma dernière entrée de livre date de plus d’un mois. Faut croire que les affaires vont bien et que je passe plus de temps à me faire de la corne sur les doigts qu’à écorner les pages d’un livre. Bien sûr, certains esprits allumés diront qu’avec le temps que je passe dans un camion Légaré, je pourrais bien tenir le cap d’un livre par semaine, comme à ma belle époque. Je répondrai à ces personnes, Avez-vous déjà passé douze heures dans un Légaré?

En principe, la conversation devrait s’arrêter là.

Mais peut-être aussi que ma lecture a été retardée par ce désir que ça ne finisse jamais, parce qu’il s’agit-là du dernier livre qui me restait à lire de mon auteur favori. Et qu’au rythme où il publie, j’aurai bien le temps de tout relire en anglais avant son prochain. Lazy Pete.

Je me demande si je vous ressert encore mon apologie de Dexter, ou bien si je vous invite à aller mes textes sur ses autres livres. Voyez-vous, ça me fait le coup avec tous mes auteurs favoris. Il me laissent sans mot. Tout ce que je pourrais vous dire de pertinent, ça serait « Lisez Dexter, n’importe quel livre, vous me remercierez de la façon de votre choix. » Je n’ai jamais échoué à date. Que ceux qui ont trouvé Dexter ennuyeux se manifestent, s’il-vous-plaît. On jasera.

En grec, Philadelphie signifie Amour Fraternel. Sympathique, si on connaît un peu la ville, ou bien, comme moi, les romans que Dexter a campé dans sa ville d’origine. De 1961 à 1986, Un Amour Fraternel raconte la vie de deux cousins, Peter et Michael, qui ont eu à grandir ensemble après que Peter ait assisté à la mort accidentelle de sa petite sœur, l’effondrement mental de sa mère, puis l’élimination de son père par la mafia.

Bien vite, les deux jeunes reprendront les activités syndicales dans lesquelles leurs pères respectifs baignaient depuis longtemps. Profondément différents, Pete et Michael passeront leur vie à ne pas s’entendre. Michael est excentrique et violent, Peter est réservé et ténébreux. Deux profils que Dexter sait maîtriser à merveille.

À ma grande surprise, j’ai eu beaucoup de difficulté à m’imprégner de l’histoire au départ. Je ne saurais trop à quoi attribuer tout ça. Peut-être à la narration au présent, il me semble bien que c’était la première fois que Dexter me faisait le coup. J’ai quand même persévéré dans mon départ lent, puis un moment donné, rendu quelque part au quart, force m’a été de constater que j’étais à nouveau en plein milieu d’un Dexter et qu’il n’y avait rien pour équivaloir la sensation. Dexter ne fait de romans policiers, mais des romans noirs. Ce qui veut dire qu’on est rarement pris dans une enquête, mais plutôt dans une fatalité, dans des vies à la dérive, remplies de moments incongrus et violents, sensuels et souvent inopportuns. Dexter c’est tout ça et encore plus, mais c’est surtout pas déprimant. Bon, faut s’entendre, si vous êtes habitués à vous faire flatter dans le dos par Paulo Coelho ou Eric-Emmanuel Schmidt, y’aura peut-être une certaine adaptation nécessaire, mais croyez-moi, ce sera pour le mieux. Dexter, il est prenant, il est vrai et il fait pas de quartiers. Assez vrai pour nous faire paraître normaux les excès de violence qu’il nous balance parfois.

Allez, j’en ai assez dit.
Lisez Dexter.
Je prend les témoignages.

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