mercredi 29 avril 2009

Mise en bouche, de Philippe Djian



Gallimard, Folio, 2008, 80 p

Ça faisait longtemps que je m’étais tapé un Djian. J’avais entâmé la série Doggy Bag dès la sortie et j’ai bêtement arrêté après le troisième tome pour des causes monétaires. Hey, ça fait des années que je lis des livres gratuits ou usagés. Alors partir dans une série, c’est bien beau quand t’as de l’argent, mais à grand coups de trente piasses pour un livre dévoré en deux jours, ça revient cher.

Voilà que je vous sors l’argument bidon qui mesure la valeur d’un livre au nombre de pages. Je suis rendu bas, mesdames et messieurs. Vous voulez pire? Les autres tomes sont maintenant, depuis le temps, sortis en poche, et je ne les achète pas plus. Pourquoi? Parce que j’ai commencé la collection en grand format et que j’aime mieux l’avoir ainsi, pour que ça looke dans ma bibliothèque.

Je suis devenu bourgeois, je lis des livres en grand format.

Vous m’achèterez un disque de Barry Manilow à ma fête.

Alors Djian, ça faisait longtemps. Je me suis envoyé celui-là derrière la cravate de bourgeois en l’espace de deux trajets d’autobus. À l’origine, Mise en Bouche a servi de scénario pour une BD illustrée par Jean-Philippe Peyraud, parue aux éditions Futuropolis la même année.

Une histoire où le personnage principal, un père monoparental plutôt aisé (avant que Djian ne mette en scène des pauvres… La misère des riches est trop belle pour éviter de l’écorcher) développe une relation avec sa voisine. Mais tranquille, la relation. Ils emmènent ensemble leurs enfants à l’école, et prennent un café après. La pauvre s’est fait larguer et entretient maintenant une haine inébranlable envers les hommes. Alors l’autre reste mollo. Poli.

Et un beau matin, ils arrivent un peu en retard à l’école et découvrent toute la classe et les professeurs à genoux, les mains sur la tête. Derrière eux, un homme avec un fusil et des explosifs menace de se faire sauter s’il n’obtient pas blah blah blah…

N’ayant d’autre choix que de se joindre au groupe, ils entrent dans la classe et débute alors un huis-clos déroutant où le père bon-chic bon-genre prend le contrôle du mieux qu’il peut.

Prendre le contrôle, c’est une façon de parler. Il gère la situation. Mais si ce n’était que cela. Djian étant ce qu’il est, plus qu’une histoire d’otage, c’est une histoire torride qui se développe avec sa voisine frigide soudainement épanouie, au beau milieu des enfants à qui on fait croire que tout est correct et devant le silence imposé par le maniaque.

Djian n’est pas lui-même s’il n’est pas tiré un peu par les cheveux. Juste assez pour virer pervers. Et une fois que c’est fait, que le pervers est rentré, je veux dire, ben là, ça peur glisser solide. Ma blonde le trouve chiant au maximum. Moi je l’aime, il me fait rire les dents serrées. Et pas toujours avec des affaires drôles. Très certainement que Djian est un écrivain masculin. Ça en prend des comme ça, aussi.

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