mercredi 1 avril 2009

La touffeur et la tête lourde

t’as laissé les portes ouvertes
pour le courant d’air
et tu t’es couchée tout rond
sans te défaire
du paréo dans lequel t’avais flottée
toute la journée

derrière le drap qui séparait la pièce double
ton coloc dormait d’un sommeil agité
et tu n’as pas tardé à le copier
me laissant là
avec ta tête lourde sur mon bras
le parfum aigre-doux de ton cou-canicule
et le goût transpiré de ton dernier baiser timide

j’essayais de m’habituer à tes ronflements saccadés
mais il y avait déjà trop de nouveauté pour moi
ton corps réticent jurait avec la qualité de tes baisers
et je te connaissais peu
je te catchais pas encore
je me retrouvais malgré moi
en train d’analyser ton cas

la soirée m’en a appris un peu plus sur toi
mais tu ne m’as pas renvoyé la balle
pas posé de questions
aucune idée que je sors aussi d’une relation
et peut-être même te tromperais-tu encore
en disant mon nom


tu ronflais en doublé
-un bruit de gorge
en plus d’un sifflement de nez -
et alors que j’explorais à nouveau
tes grosses fesses criardes
et humides
quelqu’un est venu vomir dans la ruelle
il passait un sale moment
toi tu ronflais de plus belle

et moi je me laissais bercer en swings raides
par ton grinçant ronron
mon gros chaton
je plantais mes ongles dans tes fesses
et mon bras droit vivait
un mauvais quart-d’heure
pogné
engourdi
sous ta grosse tête dans la touffeur

puis l’orage a éclaté
a débarassé la ruelle de ses saletés
j’aurais pu
j’aurais peut-être dû
partir à ce moment-là
me laisser glisser dans le torrent
mais je ne pouvais pas m’en sortir
ta tête me retenait
comme un sabot de Denver sur mon bras

alors j’ai pris mon mal en patience
et opté pour la paresse
⎯ pauvre petit sans défense ⎯
j’ai écouté tomber la pluie
et remis ma main libre sur tes fesses
jusqu’à ce qu’au matin
tu sortes du lit enfin
en disant

fait que c’est ça
c’était cool
on se rappellera

Ben ouin Julie j’ai dit
Ben ouin, on fera ça
Pourquoi pas


Et je suis parti chez nous
Sans t’embrasser

Parti chez nous me crosser
En pensant
À d’autres filles que toi




michel-olivier gasse © 2007

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