dimanche 24 avril 2011

Chasses à l'homme, de Christophe Guillaumot


Fayard, Prix du quai des orfèvres 2009, 2008, 439 p.

Cours toujours

Ce livre de Guillaumot est mon deuxième Prix du Quai des Orfèvres, après avoir lu le récipiendaire de l’an passé, P.J. Lambert et son Vengeur des Catacombes. Est-ce assez pour pouvoir tracer un ligne de conduite? Du moins, de ces deux gagnants consécutifs, on pourra mettre en relation une certaine originalité, une sympathique légèreté dans le ton, ainsi qu’une présentation graphique absolument navrante.

Force est d’admettre que ce premier roman de Guillaumot est particulièrement bien ficelé. Pas enlevant pour autant, mais assez pour garder le lecteur perdu dans la brume un bon moment. L’histoire se passe dans un commissariat de police de Paris, alors que le lieutenant Caramany reçoit la visite de l’Inspection Générale des Services, aussi nommée I.G.S, ou bien Bœufs-Carottes. Allons avec I.G.S.

Le commissaire divisionnaire Wuenheim, à la tête de cette unité de l’I.G.S., n’entend pas à rire lorsqu’il présente à Caramany une plainte de viol déposée contre lui par une prostituée qu’il n’a jamais vue. Sentant le coup monté, ce dernier tente de ne pas perdre les pédales, jusqu’à ce qu’on se rende chez lui pour fouiller l’appartement et qu’on y trouve un cadavre de femme au sous-sol. Il prend alors ses jambes à son cou et se planque en mettant au courant son supérieur, le commissaire Saint Hilaire, via texto. Comme un coureur à relais, Caramany passe ainsi la barre à Saint Hilaire en l’embarquant lui aussi dans une traque sans merci par ses collègues. Le pauvre Saint Hilaire n’est pas au bout de ses surprises.

Comme pour P.J. Lambert, l’écriture de Guillaumot frôle avec la badinerie, ce petit ton qui rend la lecture agréable, confortable, mais qui a pour défaut de nuire au suspense, surtout dans une situation de course effrénée pour sa survie. Les personnages qu’on y rencontre sont somme toute agréable et pas trop typés, malgré que l’on frôle à quelques reprises certains clichés qui devraient être morts et enterrés depuis longtemps.

Et pour ce qui est de la couverture, sachez, chers lecteurs, que c’est là un combat que je mènerai jusqu’à ma mort. Jamais je ne passerai sous silence le fait qu’un éditeur, dans ces mers infinies que sont les banques d’images, arrête son choix sur une photo de mauvais goût. Je pardonne encore moins aux graphistes de pacotille de nous balancer des couvertures, comme ici, qui viennent avec le jeu « Trouvez les 10 erreurs Photoshop », et j’accroche au passage les rédacteurs de quartième de couverture qui nous servent des phrases comme : « Mais gare aux plats qui se mangent froids, comme la vengeance! Laissons-nous entraîner dans cette traque… noire! » Je mets quiconque au défi d’être tenté par ces phrases. Éditeurs, allez, pensez marketing, pensez au bon goût de vos lecteurs, ça ne pourra que vous être bénéfique.


(Critique écrite pour Alibis, Printemps 2009)

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