dimanche 24 avril 2011

La nuit descend sur Manhattan, de Colin Harrison


(The Finder, 2008)
Belfond Noir, 2009, 380 p.

New York Noir

Quatrième roman traduit en français de cet auteur new yorkais (après, entre autres, Havana Room et Manhattan Nocture parus chez 10/18), La nuit descend sur Manhattan est, malgré son titre de série B, un roman noir des plus solides.

Jin Li est une Chinoise qui travaille à New York pour Corps Serve, une compagnie de nettoyage qui est en fait une couverture menée par son frère Chen depuis Shangaï afin d’établir un important système d’espionnage industriel. En faisant le ménage des bureaux de certaines compagnies triées sur le volet, Jin Li et son équipe passent au peigne fin les documents papier laissés dans les corbeilles destinées au déchiquettage et recueillent les informations nécessaires pour faire chuter les titres en bourse et les racheter à bas prix. Ce qui n’est pas sans mettre certains cadres d’entreprise dans des situations désepérées.

Mais la stabilité de l’entreprise d’espionnage bascule lorsqu’en voiture avec deux de ses employées mexicaines, elle demande d’arrêter pour faire ses besoins dans un buisson et que surgit alors un camion de vidange de fosses septiques. Prise de peur, elle reste terrée et assite à mort atroce de ses deux employées, noyées dans la merde à l’intérieur de la voiture. Maintenant convaincue d’avoir été démasquée, Jin Li prend la fuite, et ils sont nombreux, ceux qui ont intérêt à la retrouver.

À commencer par Ray Grant Jr., son ancien petit-ami, qu’elle a quitté sous les pressions de son frère, incapable de concevoir que sa sœur puisse préférer un blanc à un Chinois. Ce Ray Grant est sans contredit le cœur de ce roman. Ancien pompier rescapé des décombres du 11 septembre qui s’est recyclé dans l’aide humanitaire en effectuant des sauvetages sur les sites de guerre ou de catastrophes naturelles, il a tout du super-héros, hormis la cape et le masque. Il possède une force physique surprenante, une intelligence hors-norme ainsi que de nombreuses habiletés pour se sortir de situations extrêmes. Et tout ça avec un calme inébranlable.

Aidé par son père mourant, un ex-policier rongé par le cancer maintenant sous perfusion constante de Dilaudid, Ray mène l’enquête pour retrouver Jin Li en faisant fi des menaces de Chen, débarqué en Amérique pour l’occasion.

La nuit descend sur Manhattan est un roman fort, humain et… technique. C’est le seul défaut que j’aie pu y trouver. Dommage qu’il en occupe presque la moitié. Il n’y a pas à dire, Colin Harrison a fait ses recherches, mais au détriment du rythme. Structures administratives, astuces boursières, formules chimiques, installations techniques, construction de bâtiment, diagnostics médicaux, règles de prévention d’incendie, manuels d’instruction de divers outils sans compter les visites guidées dans d’innombrables racoins de la Grosse Pomme, Harrison nous en raconte plus qu’il n’en faut. Il ne fait aucun doute que tout cela est très instructif, mais on en perd un peu le cours du roman. Je suis bien d’accord à me faire exposer une ou deux spécialités en profondeur, si ça peut bien étoffer le propos des personnages. Mais ici, on en suit près d’une dizaines, de personnages. Tout savoir de leurs activités et de leurs métiers, ça devient étourdissant.

N’empêche, un gros roman, noir, angoissant, et qui trouve le tour de bien finir.
C’est pas comme si je volais le punch…


(Critique écrite pour Alibis, printemps 2009)

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