dimanche 24 avril 2011

La Côte des mal-gens, de Jean-Claude Derey


Rivages/Thriller, 2008, 201 p.


Libérez-nous du Libéria

Dans un Libéria terrassé par les seigneurs de la guerre, le jeune Dick travaille à l’hôtel Providence, où il est employé par le Kaïd, un libanais qui a fait de lui son fils adoptif après l’avoir recueilli de son expérience d’enfant soldat. Sous le même toit vit la belle Lila, la fiancée du Kaïd. Le mariage est prévu pour dans trois jour, et Lila est confinée à sa chambre où le Kaïd la garde enfermée par amour. Tyran de vocation, c’est par souci paternel qu’il bat violemment son fils lorsque ce dernier dévie des règles de la maison. Tout ça dans un mépris total des « bamboulas » » et de leur culture barbare. Le Kaïd est venu dans un pays de misère pour s’enrichir.

L’une des tâches hebdomadaires de Dick est d’aller à l’aéroport subtiliser les passeports de touristes, pour lesquels les prix sont très élevés sur le marché noir. Son escroquerie envers le journaliste français Jonathan Bombardier venu interviewer le président le mènera vers des aventures qu’il n’aurait jamais imaginées. Par un heureux hasard, Bombardier se retrouvera à l’hôtel Providence, après être parvenu à quitter l’aéroport, passeport, argent et de nombreux bagages en moins. En bon Blanc mal préparé, Bombardier ne reconnaît même pas devant lui le jeune homme qui lui a volé son passeport quelques heures plus tôt.

Le journaliste finira par être emmené au président pour l’entrevue, mais c’est un président en bien piètre état qu’il découvrira. Sous les ordres de l’un des « Saigneurs de la guerre », le président se fera mutiler, un morceau à la fois, devant le regard ahuri de Dick et du journaliste. Suite à l’incident, Dick et Lila prendront la fuite avec Bombardier, dont le séjour en Afrique semble être parti pour s’éterniser. Mais c’est de sous-estimer le Kaïd que de croire qu’ils pourront lui échapper si facilement, ce dernier surgissant à l’improviste de façon plutôt surprenante à deux repises alors qu’on le croyait mort. Tout ça enrobé d’une histoire sentimentale impossible entre Dick et Lila, alors que le pauvre Bombardier ne compte plus les incidents fâcheux.

La principale qualité de ce roman est le portrait qu’il dépeint d’un pays bordélique aux valeurs douteuses. Voyageur fasciné par l’Afrique, Jean-Claude Derey a inséré à son roman un grand nombre de faits scabreux et renversants. Malheureusement, le rythme et notre intérêt pour le récit diminuent au fil des pages, croulant sous une écriture pompeuse qui en aucun point ne s’associe au genre littéraire qui nous intéresse ici. Des prouesses auto-contemplatives qui font que le lecteur en vient parfois à se sentir de trop. Le fait d’avoir à redoubler d’ardeur pour traverser un livre de 200 pages construit en courts chapitres n’est pas très bon signe.

(critique écrite pour Alibis, été 2008)

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