dimanche 24 avril 2011

Morlante, de Stéphane Dompierre


Coups de Tête #19, 2009, 154 p.

Foncer dans le tas en riant

On connaît bien Stéphane Dompierre (les plus jeunes, du moins) pour son roman Un petit pas pour l’homme paru chez Québec Amérique en 2004, et cette année même en France chez Robert Lafon. Dompierre a fait son chemin depuis pour devenir l’un des jeunes auteurs québécois les plus lus, et il a relevé le défi des Coups de Tête en se lançant dans un genre totalement différent de celui, plus contemporain, qu’on lui connaît.

Mais à bien y penser, on change de décor, plus que de genre. On troque le Plateau Mont-Royal pour la mer des Caraïbes et hop, un petit roman de pirates qui se lit avec plaisir en un rien de temps.

Morlante est écrivain, mais c’est pour ses talents au combat qu’il est employé par la flotte anglaise. Mais bon, il est travailleur autonome et la fidélité ne faisant pas partie de ses principes de vie, il va où bon lui chante. En plus d’être une terreur (souvent imitée, jamais égalée) sur la mer, il est également une légende sur la terre ferme, où il mangerait les enfant qui tardent à rentrer de l’école, en plus de violer des femmes après leur avoir décapité la tête. Aussi bien jouir de son statut.

Mais lorsque que se présente au loin le navire coloré de Lolly Pop, la célèbre pirate dont il s’est si souvent inspiré pour ses romans, Morlante se met à ressentir une palette d’émotions qu’il avait jusque-là préféré éviter. Comme quoi même les plus grands guerriers ne sont pas totalement à l’abri de l’amour.

Les lecteurs de Dompierre ne seront pas déstabilisés. On y retrouve le même ton léger et moqueur, voir badin et souvent cabotin presque limite (on joue beaucoup sur l’aspect « moderne » de la vie des pirates, on comprend vite). Peut-être nous aurait-il perdu si le roman avait été plus volumineux, mais en 154 pages, on n’a pas le temps de s’ennuyer et Dompierre nous divertit à merveille avec certaines scènes dignes de mention, notamment celles avec le Capitaine Marshall et son comptable Gibson. Sinon, ce sont les dizaines et les dizaines de morts atroces, toutes aussi violentes et imaginatives les unes que les autres, dont on se régale avec un sourire en coin.

Morlante est un court roman plaisant et violent, un petit livre qui donne envie de dégainer les machettes et de foncer dans le tas en riant. Pas une histoire qui vous suivra des semaines durant, mais qui vous fera sans aucun doute passer un bel après-midi.


(Critique écrite pour Alibis, été 2009)

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