dimanche 24 avril 2011
Envoyez les couleurs, de Donald Westlake
(nouvelle traduction de Pour une question de peau, 1972)
(Up your banners, 1969)
Rivages/Thriller, 2009, 335 p.
Noir sur blanc, tout fout le camp
Le nom de Donald Westlake n’est plus à faire. Décédé à la fin de l’année 2008 après avoir écrit de nombreux romans sous son nom et le pseudonyme de Richard Stark, entre autres, l’auteur américain est connu notamment pour sa série mettant en vedette le cambrioleur John Dortmunder, ainsi que pour le ton léger, voire humoristique qu’il applique à ses histoires.
Envoyez les couleurs est une nouvelle traduction d’un roman de 1969, paru en français en 1972 sous le titre Pour une question de peau.
Oliver Abbott a la fin vingtaine et suit, sans trop se poser de questions, une destinée toute élaborée par son père. Comme ce dernier et son grand-père, Abbott junior sera professeur à Schuyler Colfax, une école noire dans un quartier pauvre de New York. Mais dès le premier jour d’école, les cours sont sabotés par un groupe de dissidents noirs. C’est qu’Abbott aurait hérité du poste à la place d’un homme de couleur et que bien évidemment, ses relations familiales ont quelque chose à voir là-dedans.
S’ensuit une grève générale, un feuilleton qui se développe au travers des journaux télévisés, tout cela avec un Abbott junior qui ignore le pourquoi de la situation, et un Abbott sénior borné dans ses princnipes qui refuse de mettre son fils au parfum.
Peut-être que si Oliver ne s’était pas mis en tête de séduire Léona, une enseignante noire de cette même école, il n’aurait pas reçu de menaces au téléphones, ne se serait pas fait détruire sa voiture, planter une croix du Klan dans sa cour ou encore poursuivre par une bande de malfaiteurs.
Mais c’est plus fort que lui. Ignorant toute l’agitation que cause sa situation, il s’entête à charmer Léona et y parvient. Ce qui ne sera pas sans causer de remous.
J’en suis à mon troisième Westlake. Après une première expérience qui fût un franc succès, le suivant et celui-ci sont plutôt tombés à plat. Je n’irai pas jusqu’à parler d’échec. Ce qui est presque pire. Lire un bon livre est une expérience enivrante. En lire un mauvais l’est presque tout autant, tellement que la haine qui se développe au fil de la lecture en devient presque créatrice. Mais lire un livre qui laisse indifférent, d’autant plus qu’il est écrit par un auteur que l’on respecte et apprécie, est une expérience un peu désolante.
Bien que le sujet soit des plus intéressants, le côté cabotin de Westlake en minimise l’impact de façon considérable. J’aurais bien aimé voire un Pete Dexter aborder cette thématique. Le personnage d’Oliver Abbott est un peu vide et mal têtu, bien que sympathique. On n’arrive pas à croire à ses réaction et ses décisions et on le trouve souvent un peu con.
Au moment d’écrire ce livre, Westlake avait près de dix années d’écriture derrière la cravate. Il n’en reste pas moins que Envoyez les couleurs est bourré de longueurs, imputables au manque d’expérience. Certaines scènes, cependant, sont tout à fait exquises, comme celle où Abbott rentre chez lui et trouve une foule de piqueteurs devant sa maison, chacun ayant une pancarte et un gobelet à la main, pour découvrir ensuite que c’est sa mère qui leur sert de la limonade…
Ceci étant dit, Westlake a écrit assez de livres pour qu’on y trouve quelques classiques. Mais celui-ci n’en fait pas partie.
(Critique écrite pour Alibis, printemps 2009)
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