dimanche 24 avril 2011
Sur les rives, de Michel Vézina
Coups de Tête #18, 2009, 139 p.
Ce que repousse la mer
Alors qu’aux parutions précédentes, les Coups de Tête renippaient leur image en passant du blanc au noir, voici encore qu’ils reformulent leur présentation en grossissant le format de leurs livres, maintenant presque semblable à votre revue favorite. Et c’est Michel Vézina, la tête derrière les Coups de Tête, qui donne le coup d’envoi à ce renouveau qui souligne la deuxième année d’existence de la collection.
J’ai lu une bonne partie des titres jusqu’à maintenant, j’ai été quelque fois déçu, souvent surpris et j’ai bien dit à quelques reprises dans des critiques « qu’il s’agissait là de mon meilleur Coups de Tête jusqu’à présent.» Force me sera de me répéter pour ce coup-ci, car dans un tout petit 139 pages, Vézina nous fait un roman étonamment complet, tant au niveau de l’enquête, de l’ambiance que de la profondeur des personnages.
On y raconte qu’on retrouve sur la grève à Rimouski le corps mutilé d’une femme repoussé par les vagues. L’inspecteur Lepage est sur l’affaire et reconnaîtra en la victime une ancienne flamme disparue depuis longtemps et qui avait fait la pluie et le beau temps à l’époque en dirigeant un hôtel qui s’apparentait davantage à un bordel. L’affaire se résoud d’une manière qui serait plutôt malhonnête de révéler ici, mais que le même genre de drame se soit déjà produit à Moncton il y a quelques années force Mélanie Bonne, une journaliste de Montréal, à descendre à Rimouski pour se mêler de l’affaire. Quand d’autres corps de femmes mutilés sont découverts sur les rives de Cape-Cod, Carleton, Baie-Comeau, etc, la journaliste et la police de Rimouski sont lancés dans un dédale étourdissant, car on n’a pas affaire ici à un tueur en série. Dans chacun des cas, on découvre que le tueur s’enleve la vie. Ce qui complique considérablement l’affaire.
Poussé par une langue brute qui m’a donné le dosage parfait entre l’écrit littéraire et l’oral populaire, Sur les rives est l’un des rares titres de la série à adopter une approche classique, meurtre(s), enquêtes, personnages troublés, ce qui fait grand bien. Car l’un des problèmes avec les Coups de Tête, c’est que certains des titres sont parfois conçus selon tel ou tel mode narratif dit « moderne », ou pire encore, « trash » et que ça ne devient plus sérieux du tout.
Par sérieux, je veux dire rigoureux.
Un excellent moment à passer, donc, avec Sur les rives, même si le dénouement est loin d’apporter les réponses qu’on aurait espérées.
(Critique écrite pour Alibis, été 2009)
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