dimanche 24 avril 2011

Padana City, de Massimo Carlotto et Marco Videtta


Métailié Noir, 2008, 213 p.

La fin des grandes familles

Le Nord-est de l’Italie est l’une des régions les plus prospères du pays. Seulement, tout appartient à quelques grandes familles, qui baignent autant dans le mal que la bienfaisance.
Notre personnage principal, Francesco Visentin, est avocat, fils du grand Antonio Visentin, avocat lui-même et membre de la Fondation Torrefranchi, qui règne en roi et en maître sur la région.
Filippo Calchi Renier est désaxé, et il est l’enfant unique de Selvaggia Calchi Renier, qui a pour principale caractéristique d’être la femme de son richissîme et défunt mari, en plus d’être froide à mourir et profondément sexy.
Giovanna Barovier est avocate au bureau d’Antonio Visentin, fiancée de Francesco et ex-copine de Filippo, et elle est la fille d’Alvise Barovier, un riche industriel que l’on a accusé il y a plusieurs années d’avoir mis le feu à l’un de ses entrepôts pour toucher les assurances. Le gardien, sa femme et sa fille y trouvèrent la mort et Alvise a pris la fuite, délestant ainsi sa fille et sa femme Prunella de tout l’aura intouchable dont bénéficient les grandes familles.
Jusqu’ici, on pourrait presque dire que tout va bien. Seulement, Giovanna est trouvée morte dans son bain à une semaine du mariage. Il apparaît vite qu’elle a été tuée par son amant et Francesco tentera de trouver le meurtrier tout en avalant de travers la pilule du cocu le plus en vue de la région.

Malgré le fait que la prémisse de départ évoque les belles années de Dynastie, ce roman est plus facile d’approche qu’il n’en a l’air. Après avoir lu dans la même collection La saison des massacres de Giancarlo De Cataldo qui m’avait laissé dans une grande confusion, j’avais quelques réticences à me lancer dans ce roman sur les riches industriels et les familles de pouvoir. Raconté en parallèle à la troisième personne et par la voix de Francesco Visentin, Padana City est l’histoire de cette jeune génération qui se dissocie de la destinée déjà dessinée par l’héritage familial pour mener une vie loin des associations frauduleuses et de l’argent sale. À bien y penser, c’était là l’une des idées qui ressortait de La saison des massacres. Peut-être l’Italie est-elle due pour un petit changement d’huile.

Quoiqu’il en soit, le roman avance et on y découvre des faits troublants et les enjeux réels. Le meurtre de Giovanna était loin d’être passionnel. Et Francesco fonce vers la vérité et continue là où la justice doit s’arrêter, faute de couilles. Entre mafia roumaine clandestine, élimination illégale de déchets toxiques, journalisme à sensation, ainsi que de nouveaux liens de parenté qui se révèlent à chaque cinquantaine de pages, Padana City nous raconte une Italie désolante et corrompue, à un rythme qui nous pousse à vouloir en savoir plus, malgré quelques petits points brouillons dont nous ne ferons pas grand cas.

Carlotto a déjà publié quatre romans chez Métailié, alors que Videtta, scénariste de métier, signe ici sa première œuvre littéraire. Ça me mystifie toujours un peu, que de voir un roman écrit à deux. Mais bon, dans le cas présent, ils ont l’air de plutôt bien s’entendre.


(Critique écrite pour Alibis, Hiver 2009)

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