dimanche 24 avril 2011

Je hurle à la lune comme un chien sauvage, de Frédérick Durand


Coups de Tête # 7, 2008, 88 p.

Fantasmes bidon de bourgeois tordus


L’an dernier, l’auteur et chroniqueur Michel Vézina lançait les éditions Coups de Tête, l’une des belles initiatives depuis longtemps, dans le monde éditorial québécois. L’idée principale est fort simple. Faire revivre, via de courts romans percutants, le concept du roman de gare. Publiés à raison d’un numéro par mois, les Coups de Tête se démarquent par un langage généralement cru, une nette propension à la violence, la sexualité, la drogue et autres sujets à éviter lors des repas familiaux du dimanche. Le lectorat visé, affirmait Vézina, est principalement celui des hommes de 18 à 35 ans, une catégorie où la lecture remporte rarement le prix de popularité. Ainsi, ces plaquettes entraînantes pourraient être l’étincelle qui amène quelqu’un à la lecture, d’autant plus que la publication en série fait revivre la genèse du genre littéraire auquel se consacre votre revue favorite. Ne serait-ce que pour ces deux points, le concept des Coups de Tête est tout à fait honorable.

Je hurle à la lune comme un chien sauvage est la septième publication de la nouvelle maison d’édition. Un récit où le narrateur, Jacques Larivière, un jeune prostitué, reçoit la visite impromptue, un matin de lendemain de veille, d’une riche bourgeoise qui lui demande ses services. Il ne doit pas poser de question et la suivre immédiatement pour se faire conduire à un imposant manoir, alors qu’on lui aura préalablement bandé les yeux, par mesure de sécurité. Il passera l’après-midi à attendre dans une loge, puis cinq autres collègues viendront le rejoindre, quatre femmes et un autre homme. Désabusés par les fantasmes bidon des vieux riches, ils n’y sont tous que pour la paye attirante, et baîllent ou retiennent des éclats de rire lorsqu’on leur présente finalement le spectacle sado-masochiste pour les nuls auquel ils doivent participer. Mais survient alors un événement qu’on n’a peine à imaginer, et les six prostitués se retrouvent avec la lourde charge d’être des témoins gênants. Leur combat alors sera de parvenir à sortir de cet intrigant manoir.

Faire une critique ou un résumé de ce genre de livre est délicat, étant donné son nombre limité de pages et son écriture centrée sur l’action. Cependant, je serais malhonnête de taire le fait que ce roman tombe à plat. Intrigue prévisible, suspense absent, scènes « choquantes » convenues, dénouement décevant. N’est pas gore qui veut. Ceci étant dit, les Coups de Tête valent tout de même le coup d’œil, notamment les quatre premiers titres de la série. À vous d’y voir. Après tout, il n’en coûte que dix dollars et un après-midi de lecture. C’est moins cher qu’un film au cinéma, et vous pouvez le faire sur une terrasse à boire une bière…

Même si le nom de Frédérick Durand vous semble plus ou moins connu, il n’en a pas moins publié de nombreux romans, dont le plus récent aux éditions Vents d’Ouest. Il a été finaliste en poésie du prix Radio-Canada, et il enseigne à Trois-Rivières.


(Critique écrite pour Alibis, printemps 2008)

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