dimanche 24 avril 2011

Million Dollar Baby (La brûlure des cordes), de F.X. Toole


(Rope Burns, 2000)
Albin Michel, Le livre de poche, 2002, 311 p.

En 2000, F.X. Toole débarquait avec une bombe dans le milieu littéraire après avoir passé sa vie dans le domaine de la boxe. Un recueil comprenant six nouvelles, toutes campées dans le monde pugilistique, tombé entre les mains de Clint Eastwood qui fît de Million Dollar Baby, le texte phare du livre, un grand film.

Toole n’a eu le temps que pour deux livres, le roman Coup pour coup faisant suite à celui-ci et qu’il n’aura malheureusement pas eu le temps de terminer, la maladie l’emportant avant les derniers chapitres. Un roman renversant, d’une grandeur d’âme unique. Les nouvelles du présent recueil sont sans contredit dans la même veine. Leur principal défaut est d’avoir une fin. C’est avec regret chaque fois que l’on doit quitter les personnages que Toole nous aura présentés.

Pas besoin d’être un fan de boxe, ici. Moi même, avec tout le respect que je puisse porter au sport, n’ai jamais eu l’intérêt ne serait-ce que de regarder un match. Pas que je ne m’y plaîrait pas, remarquez. Mais la boxe comme la présente F.X. Toole va bien au-delà du ring. Ce sont des êtres de passion qu’il met en scène. Soigneurs, entraîneurs, athlètes. Et malgré la rudesse obligée du sport, le respect reste toujours la principale ligne de pensée des personnages. Il ne suffit pas d’être un dur pour boxer. Encore faut-il être capable de réfléchir.

Seulement, il y a les tricheurs, les arnaques, les juges vendus, les coups bas qui ruinent des carrières ou des vies, les voyous qui traînent dans les quartiers où se trouvent la plupart des salles d’entraînement. Un boxeur doit garder son sang froid. Rester digne alors qu’il pourrait d’un rien éclater la tronche de n’importe qui. Que le mal à l’état pur et l’enseignement de valeurs intègres se côtoient de si près donne lieu à des scènes troublantes, ceux qui ont vu le film pourront en témoigner.

Par ces grandes contradictions, je suis d’avis que la boxe est sans aucun doute le sport qui fournit la plus belle plate-forme à la littérature et au cinéma. La relation de proximité qu’un entraîneur aura des années durant avec son boxeur n’a rien à voir avec la relation de Jacques Martin avec, disons, Andreï Kostitsyn. Ce qui se passe entre deux combats est tout aussi important que ce qui arrive sur le ring. À titre d’exemple, j’en suis à la saison 3 de la série The Wire, et l’histoire de Cutty, qui change de vie à sa sortie de prison pour se partir un club de boxe dans un quartier défavorisé de Baltimore, est des plus prenantes. Rien d’autre que la passion et l’acharnement ne peut mener à des résultats.

C’est avec une grande tristesse que je pense à F.X. Toole. Ce gars-là, je l’aurais bien pris tout au long de ma vie.

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