dimanche 24 avril 2011

Mélancolies, de Patrick Mosconi


Seuil, Roman Noir, 2009, 247 p.

Trouver du noir où il n’y en a pas


Aucun doute que, de nos jours, chaque genre emprunte à un autre les caractéristisque qui lui plaisent pour arriver à ses fins, qu’elles soient littéraires ou purement commerciales.Heureux métissages ou combinaisons douteuses, d’une manière ou d’une autre il devient difficile d’insérer des œuvres dans ces bonnes vieilles cases de styles pré-déterminées qui nous simplifient si bien la tâche. Venant d’un critique, une telle classification hybride peut-être infiniment variable, venant d’un éditeur de mauvais goût, nous pencherons davantage pour l’opportunisme, mais quand un éditeur respectable comme le Seuil nous offre un livre étiquetté «Roman Noir» avec la présententation conséquente, nous sommes en droit d’avoir des attentes.

Il faudrait éviter de beurrer épais avec le noir. La simple déchéance d’un personnage peut-elle expliquer l’application du terme? N’est-ce pourtant pas là l’un des éléments que l’on retrouve dans un grande partie des œuvres de fiction en général? Quoiqu’il en soit, ce roman de Patrick Mosconi aurait mieux trouvé sa place dans une collection régulière et moi, je n’aurais pas perdu mon temps à le lire.

L’histoire. Un triangle amoureux entre une anesthésiste (Violeta), une patiente dans le coma (Mariane) et un infirmier muet (Tristan). Une passion s’installe entre Violeta et Tristan. Ils passent ensemble des nuits entières, où Violeta raconte et Tristan noircit les pages d’un cahier. Les Nuits de Pleine Lune, qu’ils ont appelé ça. À mesure que les rencontres avancent, Violeta dévoile sa facination secrète pour Mariane, et Tristan en vient à retrouver la parole. Tiens donc.

Dans son coma, Mariane parle et révèle vaguement des évènements troublants, où il est question de viol, de meurtre, de noyade. Ça pourrait devenir intéressant. Mais lorsque Tristan suggère de soumettre le cas de Mariane à l’un de ses amis sorciers, ça devient beaucoup trop pour le lecteur déjà clément. Les supposés démons de Mariane écartent toute possibilité d’action, de suspense ou d’intrigue. Sans parler de la crédibilité.

Je ne suis pas au courant de la production antérieure de Patrick Mosconi, que l’on décrit comme étant une «figure marquante et inclassable du roman noir français», mais si c’est le cas, ce roman m’aura au moins convaincu d’une chose que je savais déjà : je préfère les auteurs américains.


(Critique écrite pour Alibis, printemps 2009)

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