dimanche 24 avril 2011

Le vent du diable, de Richard Rayner


(The Devil’s Wind, 2005)
Rivages/Thriller, 2008, 347 p.

Nevada mon amour

Après avoir survécu à la guerre, Mauricio Valentini décide de mettre son passé trouble derrière lui pour se forger une nouvelle identité. Il devient Maurice Valentine (convenons que le changement aurait pu être plus drastique) et ne vivra désormais qu’en fonction de sa propre réussite. Il se marie avec une femme riche au père influent et devient rapidement l’un des architectes les plus en vue de la côte ouest. Nous sommes en 1956 et Las Vegas, même si elle n’en est encore qu’à ses premiers balbutiements, représente déjà la possibilité d’un monde nouveau, tout autant que l’est le désert du Nevada, où l’on se lance dans de nombreux essais atomiques que le gratin de la ville regarde comme un spectacle, un martini à la main, dans la salle de réception du dernier étage du El Sheik, hôtel de luxe construit selon les plans de Valentine.

L’ascension de Valentine est si fulgurante qu’il est pressenti – lui annonce son beau père – pour l’investiture du poste de sénateur du Nevada, alors que la santé de Boss Booth, le sénateur actuel, est sur le point de flancher. En soi, Valentine, n’aura qu’à sourire et serrer des mains, son beau père et Paul Mantilini feront le le reste. Avec Valentine en poste, Mantilini, l’homme qui possède la plus grande partie de Las Vegas, pourra enfin réaliser, de mèche avec les Teamsters, son désir d’expansion de la ville.

C’est alors qu’arrive dans la vie de Valentine la séduisante Mallory Walker, une jeune architecte prête à tout pour faire partie de son équipe pour ses prochains projets. Déjà qu’être une femme architecte à cette époque en surprend plus d’un, l’attitude fonceuse et séduisante de Walker fait fondre tous les hommes autour.

Il ne s’agit que de la prémice de l’histoire, mais je dois cependant m’arrêter là, afin de ne rien révéler de fâcheux. Car la suite n’est qu’enchaînements de faux-semblants et de révélations choc. Le récit est construit sur deux trames. La première, qui se situe en temps réel en 1956 et s’étale sur quelques deux semaines, est narrée par Valentine, qui rend compte de son histoire avec Mallory Walker. La seconde trame s’étend de 1938 à 1951 et nous raconte à la troisième personne la vie de Beth Dyer, une jeune femme de classe ouvrière déterminée à devenir une grande actrice. Le lecteur fera rapidement le lien entre les deux trames avec l’impression d’avoir vu clair dans le jeu de l’auteur. Mais il reste encore de nombreuses surprises à venir.

Peut-être un peu long, ce livre se lit tout de même assez bien, grâce aux courts chapitres et à l’écriture fluide de Rayner, qui parvient à nous faire accrocher à ses personnages ambitieux et vaniteux avec qui nous ne ressentons aucune affinité (du moins, en ce qui me concerne). Mais le réel personnage dans tout ça, c’est probablement la jeune Las Vegas et son désert qui, à l’image de ceux qui y affluent, laissent miroiter autant de promesses que d’infini, autant d’images pré-fabriquées que de vide profond.


(Critique écrite pour Alibis, automne 2008)

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