dimanche 24 avril 2011

El Lobo, de Jean-Jacques Kaufmann


L’Archipel, 2008, 323 p.

En diagonale


Les éditions de l’Archipel récidivent à nouveau à grands coups de mauvais goût, tant au niveau littéraire que visuel. Sous une couverture qui conviendrait parfaitement à un livre de Lise Bourbeau qui se serait lancée dans les romans d’action, nous découvrons dans El Lobo un thriller lourd et interminable truffé de clichés tels que « mais c’était son jour de chance » ou « il lui montrerait de quoi il était capable », en plus d’une quantité infinie de points d’exclamation et de suspension. Pour rajouter de la tension, j’imagine.

Nous sommes en Argentine, en plein cœur de la crise économique. Le personnage principal est un Américain féru d’aviation qui s’est installé en Amérique du Sud par goût d’exotisme. Après avoir servi contre la mafia colombienne au sein de la DEA, il s’est ouvert à Buenos Aires un restaurant de fruits de mer et s’approvisionne lui-même de l'autre côté de la Cordillière grâce à son bimoteur. L’Américain est de parfaite stature, a de longs cheveux blonds et un regard bleu-clair pénétrant. Son nom :Roy Kruger. Et il n’a peur de rien.

Suite à des évènements rocambolesques que je vous épargnerai, Kruger se retrouve mêlé à une affaire de vol. Mais pas qu’un petit vol, oh non, rien de moins que le vol d’un trésor nazi enfoui dans le tombeau d’Eva Peron, la belle Evita si chère aux Argentins. Un trésor qui prouverait la collaboration des Peron avec le IIIe Reich.

Rajoutez à tout ça du chantage politique, des policiers corrompus, une dose surprenante d’heureuses coïncidences et le kidnapping de la jolie petite amie de Kruger et vous avez là une histoire soporifique qui donne le même effet que de marcher à contre-courant dans un escalier roulant.

L’auteur a été journaliste et se passionne pour l’aviation, tout comme ce cher Kruger. Pour preuve, il nous offre une pléiade d’informations techniques, souvent accompagnées de notes de bas de page qui ne font qu’ajouter à l’incompréhension. Quiconque possède un minimum de rigueur littéraire ne pourra qu’être hésitant à tourner la page, de peur de découvrir l’autre côté. Pour paraphraser Norbert Spehner, El Lobo est un roman à lire sur le Peron ( je dirais « à jeter en bas du Peron »), au pire, un roman à Evita!

Et de grâce, monsieur Kaufmann, pensez-y à deux fois avant de miser sur un personnage américain et intrépide. Je suis convaincu qu’il existe des avenues plus payantes. Et crédibles.


(Critique écrite pour Alibis, automne 2008)

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