samedi 1 novembre 2008

Désert américain, de Percival Everett




(American Desert, 2004)
Actes Sud, 2006, 319 p.

Percival Everett est un auteur américain établi qui commence à peine à être traduit en français. Après Effacement en 2004, Désert Américain n'est que le deuxième titre traduit jusqu'à maintenant. Alors qu'il semble habituellement donner dans la littérature sérieuse, Everett fait un croche du côté de la parodie avec ce livre.

Théodore Larue est professeur à l'université, mais n'a jamais été jusqu'à publier un ouvrage. Il est marié et père de deux enfants, mais n'a jamais été jusqu'à assumer pleinement sa condition familiale. Et surtout, il ne s'est jamais vraiment rendu jusqu'à avouer à sa femme sa relation avec une étudiante. Tout ça pour dire que c'est avec sa condition de pauvre type que Théodore Larue décide un jour de se rendre à la mer avec la ferme intention d'avancer dedans jusqu'à en devenir poisson. Seulement, voilà qu'il n'arrive même pas à réussir un suicide, car il se fait faucher par un camion sur le chemin de la mer. Et la tête de Théodore de se détacher de son corps pour rouler dans la rue.

Pas de doute, Théodore Larue est mort. À la morgue, on recoud grossièrement la tête au reste du corps, après l'avoir fait dûment identifier par la femme du défunt. Pas de doute, c'est lui, dit-elle, et on organise les funérailles dans la plus grande tristesse.

Tout se serait passé comme dans la vraie vie si seulement Théodore Larue ne s'était pas brusquement réveillé au beau milieu de la cérémonie. Dans le taxi qui le ramène chez lui, Larue – pas plus que sa femme ni ses enfants – ne cmprend rien de ce qui lui arrive. Il ne comprend pas non plus l'émeute causée par cet événement, ni le suicide collectif d'une secte prônant la résurrection du Christ, où les fidèles ont scandé son nom en tombant d'un édifice.

Théodore Larue est désormais comme vivant. À l'exception qu'il n'a plus chaud, plus faim, plus envie de pipi, et que ses sens sont désormais aiguisés au plus haut point. Et il est calme, comme il ne l'a jamais été.

Et c'est à partir de moment que tout décolle. Un mort-vivant étant une chose peu fréquente, on commence à se l'arracher. D'abord les médias, puis une secte, convaincue qu'il est le démon en personne, puis les militaires, qui l'emmèneront à l'intérieur de la très secrète Area 51.

C'est aussi à ce moment que le roman se met à plaire ou à décevoir. Tout est mis en place pour de magnifiques réflexions sur la condition de, euh, mort-vivant. Ce n'est pas tant qu'il n'y en aura pas, mais le roman mise davantage sur les situations cocasses et anecdotiques. Everett aurait bien pu couper quelques scènes et se concentrer sur ce qu'il se passe dans la tête de Larue.

Ceci étant dit, Désert Américain est un roman absolument divertissant et original, écrit dans une prose colorée parfaitement maitrisée, et très bien traduit.

(Originalement publié le 30 août 2007)

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