samedi 1 novembre 2008

Romanzo Criminale, de Giancarlo de Cataldo




(Romanzo Criminale, 2002)
Métailié (Points), 2006, 730 p.

N'eut-été du film présenté au cinéma il y a quelques mois, je n'aurais probablement jamais entendu parler de ce livre. Même que s'il n'y avait eu quelques caïds armés et une sexy femme fatale sur l'affiche, peut-être aurais-je tout simplement passé tout droit devant le muret tapissé. Mais le destin en a voulu autrement, et voilà que j'émerge tout juste de cette vaste saga sur la mafia romaine dans les années 70 à 90. Grand bien m'en fasse, j'en étais presque rendu à me procurer un Beretta et me développer une dépendance à la cocaïne, à force de trouver ça normal pendant 730 pages.

On entend plus souvent qu'autrement parler de la mafia Sicilienne. La famille. L'Honneur. You don't fuck with the family, even if the family is all a bunch of fuckers. Une institution plus que centenaire, et pratiquement inébranlable. Mais à Rome, les chose se passent autrement. Rome est la ville du changement constant. La ville de la nouveauté. Si bien qu'à la fin des années 70, Le Libanais, Le Froid et Le Dandy, trois gangsters encore tout frais qui désirent s'emparer du marché romain, n'ont qu'à buter Le Terrible pour contrôler la drogue qui entre sur le territoire. Chose somme tout assez simple effectuée en un rien de temps, les trois petits se retrouvent donc devant une mine d'or et se bâtissent un empire aussitôt. Mais il n'y a aucune famille sur qui on peut compter. L'organisation qui se développe se fait à coups d' « ami à moi » qui s'ajoutent à l'équipe au fur et à mesure que se répandent les projets.

Pendant un temps, la bande du Libanais règne roi et maître sur Rome, à grandes sniffées de coke et de filles faciles. Je serai peut-être cliché, mais je dirai que rien ne semble pouvoir les arrêter. Même pas l'inspecteur Scialoja et le juge Borgia qui se mettent sur leur cas. Et même qu'ils ont l'appui des Siciliens, avec Le Maître et l'Oncle Carlo, qui ne sourit jamais, sauf quand quelqu'un doit mourir.

Mais Rome est la ville du changement, et au fur et à mesure que les intérêts personnels prennent le dessus, la bande s'affaiblit, se ramifie. Les nombreux séjours en prison les diviseront en clans et très rapidement, il n'y a plus moyen de faire confiance à personne.

Malgré son ampleur, Romanzo Criminale est une saga qui se traverse relativement bien. Les courts chapitres encouragent à aller de l'avant, et même si on y trouve un nombre impressionnant de personnages, le fait qu'ils soient pratiquement tous identifiés par un surnom rend la lecture plus fluide que si l'on avait eu, disons, une quarantaine de noms italiens à gérer.

Giancarlo De Cataldo étant un juge, on passera beaucoup de temps dans les histoires légales, sans toutefois en être assommé. On se perdra peut-être légèrement dans les histoires de politique italienne (sévissent à cette époque les communistes qui foutent le bordel presqu'autant que la mafia), mais on ne s'égarera pas pour autant.

Pas de place pour la poésie dans cette histoire vraie. Trop de faits doivent être relatés, presque vingt années doivent être couvertes. On avance tout droit, on fonce dans le tas, et on fera bien de ne pas traîner trop longtemps avec ce livre. Si le récit de l'ascension de la bande remplit le lecteur d'une assurance presque malsaine, cette partie n'occupe pourtant que le tiers du récit. Le reste est consacré au démantèlement de l'organisation et quand ça se met à vraiment mal aller, le lecteur se trouve soudainement con de s'être cru invincible.

(Originalement publié le 7 novembre 2007)

Aucun commentaire: