samedi 22 novembre 2008

Le Kid de l'Oklahoma, de Elmore Leonard


(The hot kid, 2005)
Rivages/Noir, 2008, 321 p.

Il y a quelques auteurs comme ça, des auteurs que je classe parmis mes favoris et dont je repousse la lecture sans autre but que de faire l’agace avec moi-même. Et quand je prend finalement le livre, je me dis Maudit que ça va être bon, et voyez-vous, je suis rarement déçu. D’où la qualification d’auteur favori.

Elmore Leonard a maintenant plus de 80 ans, et ce livre-là, il l’a écrit à 79 ans. C’est ce qui est beau des artistes, plus ils vieillissent, plus l’idée de la retraite devient impertinente. Leonard a débuté sa carrière dans les années cinquante en écrivant des Westerns, dont le très prenant Hombre, incarné au cinéma par Paul Newman. Plus récemment, une nouvelle adaptation de 3 :10 to Yuma, avec Russell Crowe et Christian Bale, ramenait une fois de plus Leonard à Hollywood. Ce n’est pas trop parler que d’entrer directement dans le cinema en parlant de Leonard. Nombreux sont ses livres adaptés en film, pensez seulement à Jackie Brown, Get Shorty, Be Cool, et plein d’autres dont je ne suis pas encore au courant. C’est que Leonard écrit en images, en personnages. L’auteur des très efficaces 10 rules of writing (voir plus bas dans ce blog) ne s’intéresse pas aux acrobaties d’écrivain et autres prouesses sur papier. Leonard est un auteur efficace qui n’a d’autre intérêt que de rendre vivants ses personnages. Ce qui devient problématique pour le lecteur lorsqu’est venu le temps de les faire mourir.

Avec le Kid de l’Oklahoma, Leonard renoue avec ses racines western. L’histoire débute dans les années 20 et raconte la vie de Carlos Webster qui dès ses quinze ans est remarqué par les assistants du Marshall des Etats-Unis et qui attendent avidement sa majorité pour pouvoir le compter parmi leurs rangs. À la fin de la décénnie, le jeune Carlos est devenu le Marshall Carl Webster, un homme de loi fier de sa personne, justicier à la gâchette infaillible, charmeur infatigable et plus populaire que les bandits qu’il poursuit.

De son côté, Jack Belmont devient tout autant populaire. Fils d’un grand magnat du pétrole, Belmont tente par tous les moyens de s’approprier l’argent de son père. Envoyé en prison par ce dernier après avoir fait exploser un de ses entrepôts et tenté de kidnapper sa maîtresse, Jack multiplie les combines pour gravir les échelons jusqu’au titre d’ennemi public numéro 1. Et ce roman raconte, de façon tout ce qu’il y a de plus classique, une vie entière employée à pourchasser le mal, ou à fuir le bien, c’est selon.

Ajoutons à cela une impressionnante gallerie de personnages secondaires qui mériteraient tous un roman complet leur étant consacré. Toutes les filles, ces « Poules de Truands » qui prennent la fuite avec l’homme qui abat leur mari, Teddy, Lou Tessa et tous les gangsters de Kansas City, la ville sans règles, Virgil Webster, le père de Carl, héro de guerre qui a survécu à l’explosion de son cuirassé, et Tony Antonelli, écrivain pour le True Detective, qui appréhende les fusillades en ayant déjà son titre en tête, et qui y assiste carnet et crayon en main.

Un histoire parfaite de braqueurs de banques, de fines gâchettes, de justiciers intraitables et de filles faciles, dans une époque parfaitement recréée et avec une langue qui laisse toute la place aux personnages et à l’histoire. Elmore Leonard, à 80 ans, frappe une fois de plus. Et une seule balle aura suffi.

4 commentaires:

orfeenix a dit…

excellente critique!

rotko a dit…

Elmore leonard nous quittés ; je vais lire la BD d'Olivier Berlion, inspirée du récit du kid.
http://bit.ly/14CWStN

rotko a dit…

251 ispavat

rotko a dit…

déception à lire la BD du kid de l'oklahoma : c'est manichéen et machiste http://bit.ly/16yPSkM