dimanche 2 novembre 2008

Monsieur le Président, de Gabe Hudson




Mister President, 2002)
Gallimard, La Noire, 2004, 184 p.

Gabe Hudson a été réserviste dans le corps des Marines durant la guerre du Golfe. Tout porte donc à croire que les idées que l’on trouve dans ce recueil de nouvelles sur cette étrange guerre prennent assises sur des fondements tangibles. Admirablement écrits, ces textes révèlent davantage les effets secondaires du conflit sur les soldats plutôt que de nous donner des histoires de terrain. Problèmes psychologiques, problèmes de couple à l’heure du retour, problèmes liés aux expérimentations chimiques (ossature qui se désagrège pour l’un, une oreille qui pousse sur une côte pour l’autre), les nouvelles d’Hudson font un triste état des faits à l’issue d’une guerre qui n’aura pour ainsi dire servi à rien.

L’auteur vascille entre le réel et le fantasmagorique, si bien que nous ne savons pas toujours où nous situer par rapport à la réalité, entre la littérature et le récit de guerre. On espère à plusieurs reprises que certaines scènes soient le résultat de l’imagination débridée d’Hudson, tout en se gardant, quelque part, la conviction que tout ça serait arrivé pour vrai.

Les gros morceaux de ce recueil sont certainement la nouvelle titre, où un soldat vendu à la cause américaine (celui de l’oreille sur la côte) écrit au président lui demandant de raisonner sa femme, devenue hystérique depuis le retour de son mari et de sa nouvelle anatomie. Puis Notes Prises dans un Bunker le Long de l’Autoroute 8, la nouvelle la plus longue du recueil, et certainement la plus autobiographique. Le narrateur, féru de Yoga, a déserté sa troupe lors d’un combat, prenant la fuite avec un collègue ayant perdu un bras. Il tombe sur un bunker abandonné (mis à part les quelques chimpanzés qu’il y trouve dans des cages) dans le désert et s’y terre pour soigner son ami. Il se découvre une nouvelle vocation, et sort la nuit pour guérir les civils qui jonchent le chemin vers Bagdad. Le récit de cette aventure est entrecoupé de lettre que le soldat a reçu de son père, vétéran décoré de la guerre du Vietnam. Le père méprise la guerre dans laquelle son fils s’est embarqué et l’enjoint de quitter les rangs. En guise de protestation, il en fait une affaire publique et devient homosexuel et le restera tant et aussi longtemps que les troupes américaines occupreront l’Irak.

Sans contredit, un autre livre important qui est passé dans le beurre au moment de sa parution.

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