samedi 1 novembre 2008

Pyongyang, de Guy Delisle




L'association, 2003, 176 p.

Pyongyang est un roman graphique qui relate le séjour en Corée du Nord d'un bédéiste parti y travailler comme correcteur pour une compagnie de dessins animés. Sous un couvert légèrement humoristique, le récit de Delisle fait état du grand nombre de différences qui séparent notre société capitaliste de la dictature de Kim Il-Sung et Kim Jong-Il. Sans jamais tomber dans le jugement gratuit, le personnage se surprend que chaque geste de son quotidien doive glorifier le grand chef, tout en essayant de semer son traducteur et son guide, sans qui il lui est impossible de se déplacer dans la ville.

Plus un récit qu'une histoire en tant que tel, Pyongyang est avant tout une illustration très sombre d'un monde qui nous est parfaitement inconnu. À de nombreux endroits, l'auteur installe des pistes qui, dans une fiction, auraient fait basculer l'action dans une histoire très enlevante. Delisle s'est plutôt borné dans ces cas-là à repartir aussitôt dans une autre voie, le guide qui débarque pour proposer une visite touristique, par exemple. On aurait voulu plus.

On aurait aussi aimé (quand je dis On, c'est ma blonde et moi) que le personnage principal ait plus de caractère. Somme toute sympathique, le narrateur laisse passer très peu d'émotions, et s'empêche trop souvent de poser les questions qui le tracassent (et qui relanceraient l'histoire sur des pistes plus rock'n'roll), en plus d'être, de tous les personnages du livre, celui qui est dessiné avec le moins de détails. Un bonhomme un peu beige avec un nez pointu, deux points à la place des yeux, et une bouche seulement lorsqu'il parle, alors que tous les autres sont affublés de traits physiques déterminants. Je comprends que ce n'est pas la première fois qu'on aura recours à un protagoniste neutre à qui il arrive des aventures, mais ici, le personnage a l'air de ne pas avoir été travaillé jusqu'au bout, en plus que des aventures, il ne lui en arrive pratiquement pas.

Ceci étant dit, Pyongyang se lit d'un trait, on ne peut qu'être attristés et impressionnés par toutes ces différences et la grisaille qui se dégage de ce pays. Le tout est rapporté par un dessin de qualité, notamment au niveau de l'architecture, très précise, alors que les personnages ont une allure plutôt comique.

(Originalement publié le 25 septembre 2007)

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