samedi 1 novembre 2008

Le carnet noir, de Ian Rankin



Folio Policier, 1998, 465 p.
(The Black Book, 1993)
Je me disais qu'aimer le roman policier et ne pas encore avoir lu Rankin devait être une grossière erreur. Que Rankin, c'était comme les Connelly et Mankell de ce monde, qui s'y frotte une fois ne s'en sort pas avant d'avoir traversé l'intégrale, pour ensuite chercher en vain le même frisson chez d'autres auteurs et, par le fait même, en sortir déçu et laisser tomber le genre policier par un soudain manque d'intérêt.

Plusieurs facteurs ont peut-être influencé mon appréciation de cette lecture. D'abord mon déménagement, au cours duquel j'ai malheureusement égaré mon exemplaire entâmé de Rankin qui a dû attendre, dans ma grande négligence à défaire mes boîtes, de revoir la lumière du jour. Cet égarement a eu pour cause que j'entâmai « Coup pour Coup » de FX Toole, lecture qui me causa un grand manque émotif une fois la dernière page tournée. Et quand j'ai retrouvé Le Carnet Noir, quelque chose avait changé. Nous n'étions plus les mêmes, et je terminai ma lecture par pur orgueil.

Faudrait pas croire que Le Carnet Noir est un mauvais roman. Loin de là. Le personnage de l'inspecteur John Rebus est tout à fait attachant, voire même addictif (qualité majeure des grands auteurs de policier). Seulement, l'histoire m'a semblée quelque peu diffuse à cause de cet apparent désir de l'auteur de ne pas faire une roman vide. Il devait avoir vraiment peur, le pauvre, car Le Carnet Noir est plein, avec peut-être 40 % d'excédent qui, à mon avis, aurait grandement aidé l'histoire s'il avait été jeté à la poubelle. Tout plein d'idées sont soulevées et avancées, puis laissées en plan pour ne revenir que beaucoup plus tard. Je veux bien croire qu'un policier qui décide d'entâmer par lui-même un enquête sur une histoire vieille de cinq ans ne fait que se causer du travail supplémentaire à son boulot quotidien. Mais sommes-nous réellement obligés, nous lecteurs, d'être tenus au courant de ces boulots du policier qui ne font pas partie de l'enquête? Devons-nous réellement savoir tout ce qui se passe dans la tête des personnages secondaires? Pouvons-nous nous passer de certaines histoires secondaires lorsque l'enquête part d'un point pour se développer en cinq ou six branches différentes?

Comme je disais, il est possible que ma lecture hachurée ait eu raison de ma compréhension de l'intrigue. Mais je maintiens mon point : installer un personnage, nous laisser s'y faire, s'y attacher, le faire pendre par les pieds sous un pont suspendu, et n'y revenir que quelques 150 pages plus tard, moi, je trouve ça difficile de m'intéresser au reste dans une telle situation.

Et puis aussi, il me semble qu'une narration à la première personne aurait été beaucoup plus efficace pour cet enquêteur toxon. J'aurais bien plus aimé l'entendre râler par lui-même que via un narrateur qui sait tout, de toute façon.

Enfin, n'allez pas croire tout ce que je dis, c'est pas un livre mauvais, je m'attendais seulement à plus. Et puis les bandes rouges sur les livres de Rankin clâment qu'il est le Numéro Un en Angleterre. Me voilà seul contre une nation entière.

(Originalement publié le 31 juillet 2007)

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